En 2018, Laeticia, âgée de 32 ans, reprend ses études pour devenir préparatrice en pharmacie. "Un mois et demi avant mon alternance, en juin, j’ai fait une crise en pleine nuit, à deux ou trois heures. Je manquais d’air, je toussais et j’étais essoufflée. Au vu de mon état, je me suis rendue à l’hôpital. Après avoir fait un test, appelé 'Exploration fonctionnelle respiratoire (EFR)', consistant à souffler des bougies sans et après avoir pris de la ventoline, les médecins m’ont appris que je souffrais d’asthme. Cette annonce m’a démoralisée car je suis une sportive de haut niveau. J’ai fait du badminton à un niveau national et du patinage artistique à un niveau départemental", confie la patiente qui était pompière à cette période-là de sa vie.
Arrêt cardiaque : "j’ai failli mourir" à cause d’"une grosse crise" d’asthme
Un an et demi plus tard, l’étudiante inhalait sans cesse de l’acide silicique lorsqu’elle préparait les médicaments en pharmacie. "Mon asthme s’est aggravé. Je suis passé par tous les stades : léger, modéré, sévère et même en insuffisance respiratoire. J’ai dû arrêter les cours", détaille-t-elle. Il lui arrivait de faire des "petites crises", qui se manifestaient par de la toux, une respiration sifflante et des reflux gastro-œsophagien (RGO). "Lors des reflux, j’avais l’impression qu’une boule était dans mon estomac et qu’elle remontait dans mes poumons. Dès que je mangeais des aliments irritants, tels que des oignons ou du vinaigre blanc, je souffrais de brûlures", se souvient la trentenaire.
Laeticia, dont la mère était touchée par la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), s’est rapidement rendu compte que ses crises d’asthme se déclenchaient pour tout et n’importe quoi. "Je suis allergique à des trucs bizarres : les meubles, la poussière, les tournevis… Le plus gros problème, ce sont les odeurs !", s’exclame la sportive de haut niveau qui est allergique aux crustacés depuis l’âge de 7 ans. En général, ses crises d’asthme sont à retardement et surviennent essentiellement la nuit. "En 2020, j’ai fait une grosse crise pendant 48 heures sans m'en rendre compte. Elle m’a valu un arrêt cardiaque. J’ai failli mourir car j’ai tilté trop tard", raconte-t-elle.
Asthme sévère : "cette maladie m’empêche de vivre"
Depuis cette mésaventure, la patiente ne sort jamais sans son aérosol portatif, qui est devenu sa ventoline. "Durant l’heure qui suit son utilisation, je peux trembler, avoir très soif et parfois j’ai même du mal à marcher." Elle avoue que l’asthme, dont est atteint environ 4 millions de Français, est handicapant au quotidien. "Cette maladie m’empêche de vivre. J’étais vendeuse, puis caissière et maintenant je suis à la recherche d’un emploi. J’ai dû changer de voie et quitter Paris, ma région natale, pour m’installer en Alsace afin d'être près des montagnes", explique l’ancienne Francilienne.
Au fil des années, la trentenaire a appris à vivre avec cette pathologie chronique. "Je dispose de plusieurs matériels à la maison, comme un purificateur d’air ou un déshumidificateur. Je me force tout le temps à marcher, monter les escaliers, faire un peu de randonnées ou du vélo électrique pour muscler mes poumons. Désormais, dès que je fais un effort physique, je crache mes poumons et mon cœur. Ce signe de faiblesse révèle que j’ai du mal à respirer", précise-t-elle.
"À chaque crise, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais l’asthme n’est pas une fatalité"
Pour contrôler son asthme et maintenir une bonne qualité de vie, Laeticia prend un traitement de fond, matin et soir, qu’elle ne supporte pas, car son corps s’habitue trop vite aux molécules. "Tous les jours, j’ai recours à l’Innovair et à des antihistaminiques. En cas d’épisodes sévères, je dois prendre de la cortisone. Il faut savoir que mon traitement est adapté à chaque saison", spécifie l'ancienne sapeuse-pompière de Paris, qui est suivie par des pneumologues, des allergologues, un ostéopathe et qui bénéficie de séances de kinésithérapie respiratoire.
Malgré les contraintes liées à cette affection, la patiente essaye de profiter pleinement de la vie. "Il ne faut pas oublier que c’est une maladie mortelle. À chaque crise, on a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais l’asthme n’est pas une fatalité. Il faut apprendre à connaître cette pathologie, plus précisément les facteurs déclenchants et les solutions, et à cohabiter avec elle. On doit se dire que l’on va gagner ce combat", déclare la trentenaire, qui estime que cette maladie respiratoire est "banalisée".