« J’ai parfaitement entendu vos inquiétudes et votre demande de reconnaissance. » C'est la phrase lancée ce vendredi matin par Marisol Touraine, ministre de la Santé, en visite à la maternité du centre hospitalier intercommunal de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Yvelines). Lors de cette visite dans l’une des plus grandes maternités d’Ile-de-France (4 800 accouchements par an), la ministre a rencontré une délégation de sages-femmes en grève. Une rencontre de ce type a également eu lieu hier, à la fin de la grande manifestation parisienne des sages-femmes. Pourtant, même si les relations avec le ministère semblent sur la voie de l'amélioration, ces sages-femmes en colère maintiennent leur grève.
Un groupe de travail va se pencher sur la place de la sage-femme
Jeudi 7 novembre, après 3 semaines de grève, 6000 sages-femmes et étudiants sages-femmes, sont venues de toute la France, dans les rues de Paris. Ces professionnelles de santé réclament notamment une reconnaissance, en accédant enfin au statut de praticien hospitalier. En effet, même si ces dernières exercent une profession médicale, elles ont depuis toujours le statut de « paramédicale ». Pour cette raison, en milieu hospitalier, les sages-femmes dépendent, pour le moment, entièrement de leur chef de service concernant la politique de suivi de grossesse des femmes enceintes.
Or, en pratique, lors des grossesses sans complications, les sages-femmes exécutent tous les actes que font les médecins hospitaliers spécialistes de la grossesse (échographie, préparation à l'accouchement, monitoring...). Cette revendication avait été pour le moment totalement ignorée par le gouvernement.
Mais hier, à la fin de la manifestation, le Collectif des sages-femmes a enfin été reçu par la ministre de la Santé. Et cette dernière a tenu à les rassurer : « elles auront leur place dans la stratégie nationale de la santé », précise le communiqué de presse de l'Organisation nationale syndicats sages-femmes (ONSSF). Autre avancée, la ministre les reconnait comme "professionnel médical" de premier recours. Marisol Touraine leur propose d'entamer une réflexion dans le cadre d’un groupe de travail pour définir la place de la sage-femme quel que soit son mode d’exercice.
Ce groupe de travail mènerait également une réflexion sur les sages-femmes hospitalières et leur « statut de professionnel médical à l’hôpital ». La première réunion se tiendra mardi 19 novembre, a annoncé la ministre.
Toujours pas le statut de personnel médical hospitalier
Pourtant, même si le Collectif est satisfait de voir que la ministre a entendu cette revendication forte de la profession, les sages-femmes n'ont, en revanche, obtenu aucune assurance sur la seconde revendication : un statut de personnel médical hospitalier. Pour cette raison, les sages-femmes réunies en Assemblée Générale ont voté hier soir le maintien de la grève. « Les sages-femmes, salariées et libérales, resteront mobilisées partout en France », conclut le communiqué. A l'heure actuelle, 90 % des maternités sont touchées par la grève et, en comptant les libérales, 70 % de l'ensemble de la profession suit le mouvement. Une grève qui perturbe bien évidemment le fonctionnement des maternités.