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Intelligence artificielle

Les bébés surpassent l'IA dans la "psychologie du sens commun"

Par Joséphine Argence

L’intelligence artificielle ne fait pas preuve de plus de bon sens que les bébés qui sont encore en plein développement cognitif.

olesiabilkei/IStock
Une étude a évalué la psychologie "du bon sens" entre des nourrissons et une intelligence artificielle.
Les chercheurs ont déployé le "Benchmark des Intuitions du Bébé" (BIB) pour évaluer la psychologie "du bon sens ".
La recherche a observé de nombreuses lacunes dans la capacité de déduction de l’IA.

Une nouvelle étude publiée dans la revue Cognition a observé "la psychologie du bon en sens" entre des nourrissons et une Intelligence Artificielle (IA). Dans le cadre de cette recherche, les scientifiques sont partis d’un constat : l’IA, dirigée par des algorithmes d’apprentissage automatique, est en capacité de cibler les futures actions d’une personne. Par exemple, si un individu fait des recherches sur une ville, l’IA va directement lui afficher des vols ou des trains vers ce lieu. Mais elle n’a pas la capacité de comprendre pourquoi la personne fait cette recherche. Elle ne parvient pas à interpréter les différents contextes qui guident le comportement humain, contrairement aux nourrissons. 

"Les adultes et même les nourrissons peuvent facilement faire des déductions fiables sur ce qui motive les actions des autres (…) L'IA actuelle trouve ces déductions difficiles à réaliser", a expliqué Moira Dillon, auteure principale de l’étude et professeure adjointe au département de psychologie de l'Université de New York (États-Unis). 

Le "Benchmark des Intuitions du Bébé" pour tester les nourrissons et l’IA 

Pour les besoins de cette recherche, les scientifiques ont dirigé plusieurs expériences avec des bébés âgés de onze mois, puis ils ont comparé leurs réponses à celles produites par une IA. 

Les auteurs de l’étude ont utilisé le "Benchmark des Intuitions du Bébé" (BIB) qui repose sur six tâches évaluant la psychologie de bon sens. Le BIB a été développé pour tester à la fois l'intelligence des tout-petits et celle des machines. Cet outil permet de comparer les performances des bébés et des machines, mais surtout, de fournir une base empirique pour la création d'une IA de type humain. 

Les nourrissons font preuve de plus de "bon sens" que l’IA 

Via le logiciel Zoom, les bébés ont regardé une série de vidéos de formes animées se déplaçant sur l’écran, comme dans un jeu vidéo. Les actions des formes ont simulé le comportement humain ainsi que la prise de décision par la recherche d'objets sur l'écran et d'autres mouvements. 

Dans un second temps, les scientifiques ont développé et entraîné des modèles de réseaux neuronaux axés sur l’apprentissage. Il s'agit d'outils de l’IA qui l'aident à reconnaître des modèles et à simuler l'intelligence humaine. Les chercheurs ont donc testé leurs réponses aux mêmes vidéos que celles regardées par les enfants. 

D’après leurs résultats, les tout-petits humains surpassent l'intelligence artificielle dans la détection de ce qui motive les actions des autres. Les conclusions ont mis en avant les différences fondamentales entre l’IA et l’être humain. Les chercheurs ont notamment noté les lacunes des technologies actuelles et les points à améliorer pour que l'IA puisse reproduire plus fidèlement le comportement humain. "Les connaissances fondamentales d'un nourrisson humain sont limitées, abstraites et reflètent notre héritage évolutif, mais elles peuvent s'adapter à n'importe quel contexte ou culture dans lequel le nourrisson peut vivre et apprendre", a précisé Moira Dillion.