- 30 % des personnes subissant un accident vasculaire cérébral décèdent avant la fin du premier mois.
- Grâce à des électrodes placées à la surface de la moelle épinière, deux victimes ont pu bouger leur bras et leur main, même sans stimulation.
- "Les déficiences motrices" sont "particulièrement éprouvantes" et empêchent de faire "les activités quotidiennes simples, comme écrire, manger et s'habiller".
Chaque année, 140.000 accidents vasculaires cérébraux sont enregistrés en France. Selon l’Assurance maladie, 30 % des victimes meurent avant la fin du premier mois. Cette perte soudaine d'une ou plusieurs fonctions du cerveau peut "perturber les commandes des zones corticales motrices" et ainsi provoquer une paralysie des membres supérieurs, plus précisément des bras et des mains. Pour l’heure, aucun traitement ne permet de remédier à ce problème. C’est pourquoi des chercheurs de l’université de Pittsburgh (États-Unis) ont tenté de trouver une nouvelle approche pour redonner de la mobilité aux patients.
Neurostimulation : des électrodes placées à la surface de la moelle épinière
"Sous la lésion, les circuits spinaux qui contrôlent le mouvement restent intacts", ont écrit les scientifiques dans une étude publiée dans la revue Nature Medicine. Dans le cadre de ces travaux, ils ont ainsi tenté de cibler ces circuits afin de restaurer le mouvement. Pour cela, les auteurs ont utilisé la neurostimulation. Une stimulation de la moelle épinière utilise un ensemble d'électrodes placées à la surface de la moelle épinière pour délivrer des impulsions d'électricité qui activent les cellules nerveuses à l'intérieur de cette longue et fragile structure tubulaire. Cette technologie est déjà utilisée pour traiter les douleurs persistantes de haut degré.
Activer les circuits neuronaux intacts grâce à la stimulation éclectique
Après des années de cohortes approfondies, l’équipe a été autorisée à tester cette thérapie chez deux femmes ayant subi un accident vasculaire cérébral. L'une d’entre elles s’appelle Heather Rendulic. Son bras est paralysé depuis un AVC qui est survenu neuf ans auparavant. Pour les besoins des recherches, les chercheurs ont implanté des électrodes métalliques ressemblant à des spaghettis le long du cou des participantes pendant 29 jours. Ces derniers activent des circuits neuronaux intacts, permettant aux patientes d'ouvrir et de fermer complètement le poing, de lever le bras au-dessus de la tête ou d'utiliser une fourchette et un couteau pour couper un morceau de steak.
AVC : les 2 patientes ont pu à nouveau se servir de leur bras et de leur main
"Nous avons constaté que la stimulation électrique de régions spécifiques de la moelle épinière améliorait la force, l’amplitude des mouvements et la fonction du bras et de la main, permettant ainsi aux volontaires d'effectuer des mouvements qu'elles ne pouvaient pas réaliser sans stimulation de la moelle épinière. Les deux participantes ont conservé certaines de ces améliorations même sans stimulation et aucun effet indésirable grave n'a été signalé", ont déclaré les auteurs.
Bien que les résultats soient encourageants, l’équipe estime qu’il n’est pas possible d’évaluer de manière concluante la sécurité et l'efficacité de cette approche à partir d’un test mené auprès de deux personnes. Cependant, "nos données fournissent des preuves préliminaires prometteuses que la stimulation de la moelle épinière pourrait être utilisée à la fois comme méthode d'assistance et de restauration pour la récupération des membres supérieurs après un AVC".
"Les déficits légers résultant d'un AVC peuvent isoler les adultes et devenir très démoralisants"
Dans un communiqué, les scientifiques indiquent qu’ils continuent de recruter d'autres participants pour comprendre quels patients victimes d'un AVC peuvent bénéficier le plus de cette thérapie et comment optimiser les protocoles de stimulation pour différents niveaux de gravité.
"Il est de plus en plus urgent de créer des solutions efficaces de neuroréhabilitation pour les personnes souffrant de troubles du mouvement après un AVC. Même les déficits légers résultant d'un AVC peuvent isoler les adultes de leur vie sociale et professionnelle et devenir très démoralisants, les déficiences motrices du bras et de la main étant particulièrement éprouvantes et entravant les activités quotidiennes simples, comme écrire, manger et s'habiller", a conclu Elvira Pirondini, co-auteur des travaux.