Alors que les 16ème Journées de l’Orthodontie viennent de s’ouvrir à Paris, les spécialistes français en orthopédie faciale ont tenu à préciser leur rôle clef dans la détection précoce des troubles du comportement alimentaire chez leurs jeunes patients atteints. A l’adolescence, 1,1% des jeunes filles et 0,2% des garçons seraient concernés par l’anorexie ou la boulimie. Plus précisément, 70 000 femmes entre 15 et 25 ans seraient ainsi victimes d’anorexie. Notamment parce que ces pathologies se caractérisent souvent par des dégradations au niveau de la bouche ou des dents, les orthodontistes sont donc en première ligne pour les dépister.
Une érosion de l'émail repérable
L’anorexie et la boulimie sont des troubles psychiatriques qui peuvent entrainer des dégâts au niveau buccal. Par exemple chez les jeunes filles qui se font régulièrement vomir, cette attitude peut à la longue provoquer une érosion de l’émail dentaire ou encore des problèmes au niveau des muqueuses. Mais les orthodontistes peuvent également être alertés par des modifications de la flore buccale qui peuvent être parfois le signe d’un potentiel comportement boulimique. En effet, la consommation excessive de certains aliments comme les sucreries ou de certaines boissons très sucrées (coca, jus de fruits…) est parfois observée chez des jeunes patients boulimiques.
Ecoutez le Dr Claude Bourdillat-Mikol, présidente du syndicat des spécialistes en Orthopédie dento-faciale : « Les usures dentaires ne se produisent qu’au bout d’un certain temps, mais dès le début, on peut parfois voir qu’elles ont la bouche sèche ou de petit débris alimentaires. »
Les seuls professionnels à voir des ados toutes les 6 semaines
Si ces spécialistes ont un rôle si important dans la détection précoce de ces maladies psychiatriques chez les ados, c’est également parce qu’ils sont les seuls professionnels de santé à avoir des rendez-vous réguliers avec ces jeunes patients. Dans le cadre de leur traitement orthodontique, les adolescents sont donc amenés à se rendre dans leur cabinet en moyenne toutes les 5 ou 6 semaines. Ainsi, en dehors de la surveillance d’éventuels dégâts buccaux, les orthodontistes peuvent donc tout simplement être les témoins de certaines modifications que les parents ou même les enseignants, qui les voient tous les jours, ne peuvent pas constater. Certains orthodontistes expliquent qu’il leur arrive d’observer par exemple, une perte de poids brutale après une période de vacances scolaires.
Ecoutez le Dr Claude Bourdillat-Mikol : "Il est fréquent qu’on voit des jeunes au 3ème RDV qui ont perdu 3 à 4 kilos. On peut en parler avec elle ou avec les parents et on peut les guider vers des services spécialisés."
Des conseils pour préserver les dents des anorexiques ou boulimiques
Par ailleurs ces spécialistes sont également capables d’apporter une aide dans la prise en charge des ados déjà diagnostiqués anorexiques ou boulimiques. Certains conseils d’hygiène permettent notamment de limiter les dégâts dentaires chez les enfants qui se font vomir. Les régurgitations étant très acides, il est par exemple déconseillé de se laver les dents immédiatement après car cela fragilise d’autant plus l’émail. Pour préserver la santé dentaire, les orthodontistes conseillent de se rincer tout d’abord la bouche à l’eau et de se brosser les dents dans un second temps. Par ailleurs, les orthodontistes expliquent également qu’il existe parfois un paradoxe chez certains jeunes atteints par un trouble du comportement alimentaire. Chez quelques patients, le traitement orthodontique est une sorte d’alibi, pour ne pas manger par exemple.
Ecoutez le Dr Claude Bourdillat-Mikol : « Il faut expliquer aux parents que les traitements orthodontiques ne peuvent plus être un prétexte pour ne pas manger. Les dispositifs actuels ne sont plus douloureux ou pendant maximum 24h. »