Plus de la moitié des étudiants français souffrent d’un sommeil perturbé. Les causes de ces troubles du sommeil sont multiples et variables selon les individus, mais il existe certains facteurs de risque comme la consommation de cannabis. Une équipe de l’Inserm, du CHU et de l’université de Bordeaux s’est intéressée aux liens entre consommation de cannabis et troubles du sommeil chez les étudiants. Leurs résultats sont publiés dans Psychiatry Research.
Troubles du sommeil : des conséquences importantes sur la santé des étudiants
Selon les auteurs, environ 19 % des étudiants souffrent d’insomnie. "Ces altérations du sommeil sont d’autant plus préoccupantes qu’elles ont des effets néfastes sur la santé mentale et physique et sur les capacités cognitives, avec un retentissement sur la réussite universitaire des étudiants", préviennent-ils. En parallèle, la consommation de cannabis est élevée chez les jeunes. D’après des données de Santé Publique France, près de 14 % des 18-25 ans affirment consommer mensuellement du cannabis et 4 % tous les jours.
Pour mieux comprendre les liens entre cannabis et insomnie, les chercheurs ont utilisé les données de plus de 14.000 étudiants. Tous ont répondu à des questionnaires en ligne, qui portaient sur leur consommation de cannabis au cours des douze derniers mois, et sur leur qualité de sommeil. "D’autres questions portaient sur leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs habitudes de vie (par exemple leur consommation d’alcool ou de tabac) ou encore sur leur santé mentale afin d’affiner l’analyse et d’éviter tous biais ou facteurs de confusion", précisent les auteurs dans un communiqué. "L’originalité de cette étude réside dans le fait que nous avions accès à un échantillon particulièrement large d’étudiants ayant renseigné des données précises sur leur consommation de cannabis et la qualité de leur sommeil", ajoute Julien Coelho, co-auteur de l’étude.
Insomnie : quels sont les risques chez les fumeurs de cannabis ?
D’après les chercheurs, les résultats confirment "l’existence d’une association entre la consommation de cannabis et les troubles du sommeil, en particulier l’insomnie, chez les étudiants". Pour les consommateurs de cannabis, le risque de souffrir d’insomnie est supérieur de 45 % en comparaison aux non-consommateurs. Par ailleurs, les consommateurs quotidiens ont deux fois plus de risque, par rapport aux consommateurs occasionnels ou rares.
"Bien que la causalité ne puisse pas être affirmée avec certitude, ces résultats suggèrent l’importance de multiplier les messages de santé publique pour faire de la prévention auprès des étudiants, mais aussi des professionnels de santé sur les dangers d’une consommation élevée de cannabis sur la santé des jeunes", conclut Christophe Tzourio, co-auteur de l’étude.
Consommer régulièrement cette drogue expose à d’autres risques : troubles cognitifs, de l’attention, de la mémoire ou encore psychiatriques. Comme le rappelle la Mildeca, la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, "jusqu’à environ 25 ans, le cerveau est dans une phase de maturation", ainsi les jeunes sont plus "vulnérables aux effets des substances psychoactives". Plus la consommation est précoce et plus elle est régulière, plus le risque de perturbations cognitives, comportementales et physiologiques est élevé.