ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Réseaux sociaux : limiter leur usage améliore l’image corporelle des adolescents

Estime de soi

Réseaux sociaux : limiter leur usage améliore l’image corporelle des adolescents

Par Sophie Raffin

Réduire l’utilisation des réseaux sociaux de 50 % aide les adolescents et les jeunes adultes à avoir une meilleure perception de leur image corporelle.

ViewApart/istock
Les jeunes passent, en moyenne, entre six et huit heures par jour sur les écrans, et en majorité sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux favorisent une mauvaise perception corporelle chez les adolescents.
Limiter l'utilisation des médias sociaux de 50 % pendant quelques semaines a amélioré la perception de l'image corporelle et du poids des jeunes participants.

TikTok, Instagram, Snapchat… les réseaux sociaux font partie intégrante du quotidien des adolescents. Toutefois, les photos très travaillées - voire totalement retouchées - des influenceurs, ne donnent pas une perception très réaliste du monde et des corps. En revanche, elles nourrissent assidûment les complexes de nombreux jeunes.

La solution pour les aider à avoir une meilleure image d’eux-mêmes ? Tout simplement réduire leur temps passé sur ces sites, selon des chercheurs du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario dont les travaux viennent d'être publiés dans la revue Psychology of Popular Media.

Limitation des réseaux : des effets bénéfiques sur l’image de soi 

Les chercheurs ont recruté 220 étudiants âgés de 17 à 25 ans (76 % de femmes, 23 % d'hommes, 1 % d'autres). Pour participer à l’étude, ils devaient être des utilisateurs réguliers des réseaux sociaux (au moins deux heures par jour sur leur smartphone) et présenter des symptômes de dépression ou d'anxiété.

Pendant la première semaine, ces volontaires pouvaient consulter leurs applis préférées normalement. L'utilisation était mesurée à l'aide d'un programme de suivi du temps d'écran. Par la suite, la moitié d'entre eux ont reçu pour instruction de réduire le temps passé sur les réseaux sociaux à 60 minutes maximum par jour tandis que les autres pouvaient continuer, selon leurs habitudes.

L’ensemble des jeunes ont, par ailleurs, dû répondre à une série d'énoncés sur leur apparence générale (par exemple, "Je suis plutôt content de mon apparence") et leur poids (par exemple, "Je suis satisfait de mon poids") au début et à la fin de l’expérience.

Les participants qui devaient limiter leurs utilisations des réseaux, sont parvenus à le faire d'environ 50 % pour atteindre une moyenne de 78 minutes par jour. À titre de comparaison, le temps moyen du groupe témoin était 188 minutes par jour.

Au bout de trois semaines, les personnes ayant moins consulté les réseaux sociaux, présentaient une amélioration significative de la façon dont elles percevaient à la fois leur apparence générale et leur poids, contrairement aux autres. Le sexe ne semblait pas faire de différence sur l'effet observé.

Les adolescents passent entre six et huit heures par jour sur les écrans

"L'adolescence est une période vulnérable pour le développement de problèmes d'image corporelle, de troubles de l'alimentation et de maladies mentales", a rappelé l'auteur principal Gary Goldfield, chercheur au sein de l’établissement canadien, dans son communiqué. "Les jeunes passent, en moyenne, entre six et huit heures par jour sur les écrans, en grande partie sur les réseaux sociaux. Les médias sociaux peuvent exposer chaque jour les utilisateurs à des centaines, voire des milliers d'images et de photos, y compris celles de célébrités et de mannequins de mode ou de fitness. Ce qui, nous le savons, conduit à une intériorisation d'idéaux de beauté inaccessibles pour presque tout le monde, entraînant une plus grande insatisfaction à l'égard du corps, poids et forme", a-t-il ajouté.

Pour lui, il peut ainsi être bénéfique de faire attention au temps passé sur les réseaux sociaux. 

"La réduction de l'utilisation des médias sociaux est une méthode réalisable pour produire un effet positif à court terme sur l'image corporelle parmi une population vulnérable d'utilisateurs et devrait être évaluée comme un élément potentiel dans le traitement des perturbations liées à l'image corporelle", a-t-il estimé.

Le scientifique mène d’ailleurs désormais une étude plus vaste pour voir si cet effet bénéfique peut être maintenu pendant de plus longues périodes et si cette réduction peut entraîner des avantages psychologiques encore plus importants.