238.000 personnes sont décédées à cause de la pollution de l’air en Europe en 2020, selon des données de l’Agence européenne de l’environnement. L’exposition à un air pollué augmente le risque de troubles cardiovasculaires et de maladies. Pour réduire ces risques, des normes de qualité de l’air ont été mises en place, mais d’après une nouvelle étude, ces seuils sont insuffisants pour protéger la population.
Parue dans JAMA Network Open, elle démontre que la pollution aux particules fines augmente le risque de troubles cardiaques, même lorsque les taux sont inférieurs aux normes actuelles. Selon les auteurs, cette recherche est l’une des plus importantes à ce jour à examiner les effets de l'exposition à long terme à la pollution atmosphérique par particules fines. Ce type de pollution provient principalement des voitures, des cheminées et des feux. Aussi appelée PM2,5, elle est constituée de particules fines de 2,5 micromètres de diamètre ou moins.
PM2,5 : un risque de troubles cardiovasculaires, même lorsque les seuils limites sont respectés
L'étude repose sur les données de 3,7 millions d’adultes, résidant en Californie. Pour comprendre le lien entre santé humaine et niveau d’exposition aux PM2,5, les chercheurs du Kaiser Permanente, un centre de santé américain, ont utilisé la technique du géocodage. Celle-ci consiste à utiliser l’adresse précise d’un individu pour obtenir son niveau d'exposition moyen annuel à la pollution aux particules fines. Dans un second temps, ils ont recensé les patients diagnostiqués d’une crise cardiaque ou décédés d'une maladie cardiovasculaire.
"Nous avons constaté que les personnes exposées à la pollution atmosphérique par les particules fines ont un risque accru de subir une crise cardiaque ou de mourir d'une maladie coronarienne - même lorsque ces niveaux d'exposition sont égaux ou inférieurs à nos normes américaines actuelles de qualité de l'air", a déclaré l'autrice principale de cette étude, Stacey E. Alexeeff, biostatisticienne à la Kaiser Permanente Division of Research. Aux États-Unis, la norme est de 12 microgrammes par mètre cube par an. L'étude démontre que l'exposition aux PM2,5 à une concentration comprise entre 12,0 et 13,9 microgrammes par mètre cube était associée à un risque accru de 10 % de subir une crise cardiaque et de 16 % de mourir d'une maladie cardiovasculaire, en comparaison à des concentrations inférieures à 8 microgrammes.
Pollution aux particules fines : une législation plus sévère aux États-Unis qu’en France
"Notre travail a le potentiel de jouer un rôle important dans les discussions en cours, menées par l'Agence de protection de l’environnement, sur la possibilité de resserrer les normes de qualité de l'air pour protéger la population des effets de la pollution", estime Stacey E. Alexeeff. En janvier 2023, l’Agence de protection de l’environnement a annoncé vouloir réduire la norme annuelle d’exposition aux PM2,5, afin qu'elle soit comprise entre 9 et 10 microgrammes par mètre cube.
Chez nous, de l’autre côté de l’Atlantique, ces seuils sont beaucoup moins restrictifs. En Europe, la valeur cible en moyenne annuelle est de 25 microgrammes par mètre cube, cela correspond au seuil à ne pas dépasser pour "réduire les effets sur la santé humaine". D’après les données du ministère de l’écologie, la valeur cible en France est de 20 microgrammes par mètre cube. L’objectif à long terme est d'atteindre 10 microgrammes par mètre cube au maximum en moyenne annuelle, soit le seuil de recommandation établi par l'Organisation mondiale de la santé.