Environ 60 % des personnes atteintes de la Covid-19 souffrent d’anosmie, d’après la Fondation pour la recherche médicale (FRM). Cette perte d’odorat est généralement temporaire, mais pour environ 10 % des personnes concernées, elle persiste six mois après l’infection. Plusieurs chercheurs travaillent sur des traitements pour les soigner et leur permettre de retrouver ce sens précieux. C’est le cas du professeur Jérôme Lechien, qui exerce en France et en Belgique. Ce spécialiste de la perte d’odorat étudie la piste du PRP, le traitement par plasma riche en plaquettes, et les premiers essais sont concluants.
Anosmie : une perte d’odorat handicapante
L’anosmie n’est pas uniquement liée à la Covid-19, elle peut aussi être consécutive à un rhume. Mais quelle que soit son origine, elle a des conséquences importantes sur le quotidien. "Ce sens est notamment central pour l’alimentation ou la détection de dangers (aliments toxiques, inhalation de produits chimiques), rappelle la FRM. Ainsi, l’anosmie est très souvent associée à des pertes d’appétit et à des dépressions."
PRP : quel est ce traitement prometteur contre l’anosmie ?
Aujourd’hui, la perte d’odorat liée à la Covid-19 est généralement soignée par des lavages de nez et des entraînements olfactifs, parfois des corticoïdes peuvent être prescrits. Toutefois, cela ne fonctionne pas pour tous les patients. Selon le professeur Jérôme Lechien, le traitement par plasma riche en plaquettes pourrait être une nouvelle piste. Cette méthode est déjà utilisée, notamment chez des sportifs de haut niveau, en cas de tendinites à répétition ou de troubles articulaires. "La technique du PRP pourrait être une solution prometteuse, en complément des thérapies existantes comme l’entraînement olfactif et l’irrigation nasale", explique-t-il à la RTBF. Elle consiste à prélever le sang d’une personne, puis à le centrifuger pour ne conserver que les plaquettes, car elles permettent la régénération. Ensuite, le PRP est injecté dans le nez, lors d’une opération, pour qu’il atteigne les zones où les récepteurs sont endommagés. "En injectant le concentré de plaquettes, on favorise la régénération et les gens récupèrent ainsi plus vite l’odorat", développe ce spécialiste.
Traitement de l’anosmie par PRP : des essais réussis en Belgique
Aux États-Unis, les résultats d’une étude publiés en août 2022 ont démontré l’efficacité de cette technique dans un petit groupe de patients. Sur 52 personnes, les 26 ayant reçu ce traitement avaient 12 fois plus de chances de récupérer l’odorat. En Belgique, le professeur Lechien a dirigé un essai avec plus de 350 personnes. "Notre étude européenne montre que les gens chez qui on injecte le PRP récupèrent plus vite que les gens chez qui on ne fait rien", précise-t-il à la RTBF. 81 % des participants ont observé une amélioration de leur odorat au bout de trois semaines à six mois. "La plupart des gens ressentent un effet positif au bout de trois semaines, qui se manifeste généralement par la capacité de sentir, pendant une fraction de seconde, des odeurs qu’ils ne sentaient plus, indique le spécialiste. C’est là le signe que c’est en cours de récupération." Pour l'heure, le traitement n'est pas disponible en France.