Les préférences esthétiques en matière d’art ont fait l'objet de discussions philosophiques pendant des centaines d'années. Le fait d'aimer ou non une œuvre d'art semble inné tant cela se produit instantanément et de manière transparente.
"Quand vous voyez une image, vous décidez immédiatement si vous l'aimez ou non. Mais si vous y réfléchissez, c'est vraiment compliqué car c'est une question très ouverte et nous ne savons pas vraiment comment le cerveau parvient à le faire", explique Kiyohito Iigaya, chercheur à la California Institute of Technology, dans un communiqué.
Des scans cérébraux pour deviner les préférences de chacun en matière d'art
Dans un nouvel article récemment publié dans la revue Nature Communications, lui et ses collègues de la California Institute of Technology montrent comment nos préférences esthétiques peuvent être prédites grâce à une analyse de notre cerveau par le biais d'une méthode de modélisation informatique. Ces travaux, menés dans le laboratoire du professeur John O'Doherty, s'appuient sur de précédentes recherches datant de 2021 pour lesquelles les chercheurs avaient formé un ordinateur afin de deviner correctement si une personne aimerait tel ou tel style de peinture, par exemple un Monet ou un Rothko.
Cette méthode impliquait que des volontaires observent des peintures (jusqu'à un millier) durant quatre jours pendant que leur cerveau était scanné avec une machine d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Ces scans cérébraux et les évaluations des peintures par les participants ont été introduits dans un algorithme d'apprentissage automatique, ainsi que la sortie d'un réseau neuronal formé à l’évaluation des peintures selon des critères tels que le contraste, la teinte, la dynamique et le caractère concret (si la peinture est abstraite ou réaliste).
Comment le cerveau juge-t-il s'il aime ou non une œuvre d'art ?
Les données recueillies par l'équipe ont montré que les zones du cortex visuel, la partie du cerveau qui traite les entrées visuelles, sont responsables de l'analyse de ces critères. Une zone à l'avant du cerveau, appelée cortex préfrontal médial, est chargée de leur attribuer une valeur subjective.
En résumé, le cerveau décompose une œuvre d'art en ses qualités essentielles, puis décide si ces qualités sont agréables ou non. C'est plus ou moins la même façon dont le cerveau décide s'il aime ou non la nourriture, selon une autre étude menée par le laboratoire O'Doherty. Cette étude avait révélé que le cerveau analyse un aliment en fonction de sa teneur en protéines, lipides, glucides et vitamines, puis détermine si ces qualités sont agréables. Les chercheurs affirment que leurs découvertes suggèrent que ce système de "construction de valeurs" pourrait être répandu dans tout le cerveau et expliquer nombre de nos préférences.