Être atteint de psoriasis augmenterait de 50 % les risques de développer une intolérance au gluten, appelée maladie cœliaque, par rapport aux personnes sans psoriasis, selon une lettre de recherche publiée en ligne le 9 février dans le Journal de l'Académie américaine de dermatologie.
La maladie cœliaque est une maladie intestinale chronique et auto-immune liée à l'ingestion de gluten. Elle survient chez des personnes génétiquement prédisposées. Lors de l’absorption d’aliments contenant du gluten, le système immunitaire des personnes concernées réagit à la présence de la gliadine, protéine du gluten, en produisant divers anticorps. À terme, cette réaction auto-immune anormale cause des lésions de la paroi intérieure de l'intestin, avec, en conséquence, une digestion altérée et une assimilation moins bonne de nombreux nutriments minéraux et vitamines par l’organisme.
Des "mécanismes immunogènes partagés" entre psoriasis et maladie cœliaque
Marina Z. Joel, de l'École de médecine de l'université Johns Hopkins à Baltimore aux États-Unis, et ses collègues ont examiné le lien entre le psoriasis et la maladie cœliaque en analysant les données de 316.166 adultes participant au programme de recherche "All of Us". Les chercheurs ont découvert que sur les 6.476 patients atteints de psoriasis, 1,65 % avaient la maladie cœliaque contre 0,49 % des 309.690 patients sans psoriasis. Après ajustement en fonction de l'âge, du sexe, de l’origine ethnique, du statut tabagique, des maladies auto-immunes liées au psoriasis et à la maladie cœliaque et de l'indice de masse corporelle, le psoriasis restait significativement associé à la maladie cœliaque.
"Bien que le mécanisme physiopathologique derrière l'association entre le psoriasis et la maladie cœliaque ne soit pas clair, des études à l'échelle du génome ont montré que plusieurs éléments des chromosomes (locus) qui augmentent la susceptibilité au psoriasis se chevauchent avec ceux de la maladie cœliaque. Il pourrait y avoir des mécanismes immunogènes partagés entre les deux”, écrivent les auteurs. "D'autres études sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques liant le psoriasis et la maladie cœliaque”, ajoutent-ils.
Le psoriasis, une maladie généralement bénigne qui peut être très handicapante
Pour rappel, le psoriasis est une maladie inflammatoire chronique de la peau qui se caractérise par des plaques rouges recouvertes de croûtes épaisses (appelées "squames"). S'y associent des anomalies typiques du cuir chevelu et des ongles, parfois aussi des douleurs articulaires ou un véritable rhumatisme psoriasique, qui peut entraîner des lésions articulaires graves. La maladie est généralement bénigne mais peut avoir un impact très néfaste sur la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes, notamment quand celle-ci devient chronique et que les poussées sont récurrentes.
En France, le psoriasis concerne 2 à 3 % de la population, selon l’Assurance maladie. Généralement, cette pathologie se déclare entre 20 et 40 ans. Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif contre cette maladie. Les solutions proposées aux patients permettent seulement de réduire les symptômes et, in fine, d’améliorer leur qualité de vie.