Des chercheurs de l'université Columbia (États-Unis) et d’universités parisiennes ont testé un nouvel appareil capable de réduire systématiquement la pression artérielle ambulatoire diurne de 8,5 points en moyenne chez les personnes d'âge moyen souffrant d'hypertension.
L’équipe de chercheurs a publié les résultats du test dans la revue JAMA Cardiology, ce 28 février 2023. L’appareil s’utilise dans une procédure ambulatoire appelée "dénervation rénale par ultrasons”". Le dispositif est expérimental et n'a pas encore été approuvé par les autorités sanitaires américaines et françaises pour une utilisation en dehors des essais cliniques.
Hypertension : le traitement sera bientôt évalué par les autorités sanitaires
La recherche a regroupé les données de trois essais randomisés portant sur plus de 500 patients d'âge moyen présentant divers degrés d'hypertension et prenant plus ou moins de médicaments. Deux fois plus de patients ayant reçu la thérapie par ultrasons grâce à l’appareil ont atteint leur pression artérielle diurne cible (moins de 135/85 mmHg) par rapport aux autres patients des groupes témoins. "Le résultat était presque identique dans les différents groupes d'étude, ce qui montre définitivement que l'appareil peut abaisser la tension artérielle chez un large éventail de patients", déclare Ajay Kirtane, professeur de médecine à l'université Columbia, qui a mené l’étude, dans un communiqué.
La procédure a été bien tolérée et la plupart des patients sont sortis de l'hôpital le jour même. Selon le Pr Kirtane, des améliorations de la pression artérielle ont été observées seulement un mois après la procédure. Le traitement sera évalué par la Food and Drug administration, l’organisme chargé d’autoriser la commercialisation des médicaments aux États-Unis, dans les mois à venir.
Ne pas contrôler sa pression artérielle peut entraîner des problèmes cardiaques
Les chercheurs s'attendent à ce que le traitement puisse être proposé en complément d'un traitement médicamenteux et de changements de mode de vie pour les patients souffrant d'hypertension non contrôlée."Une fois que l'appareil sera disponible, nous envisageons de le recommander aux patients qui ont d'abord essayé d'autres thérapies. L'espoir est qu'en contrôlant la pression artérielle, nous pourrions être en mesure de prévenir les lésions rénales et d'autres effets d'une pression artérielle incontrôlée", ajoute le Pr Kirtane.
Habituellement, pour traiter l’hypertension, les médecins se concentrent sur les changements à apporter au mode de vie et au régime alimentaire, en recommandant par exemple la réduction de la consommation de sel ou la perte de poids, et prescrivent des médicaments pour abaisser la tension artérielle. Or, environ un tiers des patients hypertendus sont incapables de contrôler leur tension artérielle malgré ces interventions. Cependant, laisser la pression artérielle non contrôlée pendant trop longtemps peut entraîner une insuffisance cardiaque, des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des crises cardiaques et des lésions rénales irréversibles.
Comment fonctionne cette nouvelle thérapie par ultrasons ?
"L'échographie rénale pourrait être proposée aux patients qui ne parviennent pas à contrôler leur tension artérielle après avoir essayé des changements de mode de vie et un traitement médicamenteux, avant que ces événements ne se produisent", explique le Pr Kirtane.
On pense que l'hypertension à l'âge moyen est causée en partie par des nerfs hyperactifs dans les reins, qui déclenchent une rétention d'eau et de sodium et libèrent des hormones qui peuvent augmenter la tension artérielle. Les médicaments antihypertenseurs agissent de différentes manières pour abaisser la tension artérielle, en dilatant les vaisseaux sanguins, en éliminant l'excès de liquide ou en bloquant les hormones qui augmentent la tension artérielle. Mais aucun de ces médicaments ne cible directement les nerfs rénaux.
La thérapie par ultrasons, quant à elle, calme les nerfs hyperactifs dans l'artère rénale, perturbant les signaux qui conduisent à l'hypertension. La thérapie est délivrée aux nerfs via un cathéter mince qui est inséré dans une veine de la jambe ou du poignet et lié au rein.