+4°C en 2100. C’est la prévision la plus pessimiste concernant le réchauffement climatique, mais pourtant bien possible. Le gouvernement français a d’ailleurs lancé un Comité de pilotage ministériel sur l'adaptation au changement climatique fin février, qui prévoit, entre autres, de “se préparer au pire” des scénarios. “Il faut bien comprendre que se préparer à une France à +4°C ça n'a rien à voir (...) S'adapter à ça, c'est sortir du déni”, a insisté le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, au micro d'Europe 1.
Si le dérèglement climatique accroît les risques de catastrophes naturelles avec la montée des eaux, les sécheresses, les feux de forêts… la hausse des températures impacte également la santé humaine. À ce sujet, des scientifiques alertent sur les risques d’une pollution atmosphérique provenant de sources naturelles que nous ne pourrions pas contrôler.
Un monde plus chaud entraîne une hausse des aérosols naturels polluants
“Nous n'examinons pas les émissions humaines de pollution atmosphérique, car nous pouvons changer ce que nous émettons”, a déclaré James Gomez, doctorant à l’université de Californie à Riverside (UCR) et auteur principal de l’étude publiée dans la revue Communications Earth & Environment. “Nous pouvons passer aux voitures électriques. Mais cela ne changera peut-être pas la pollution de l’air par les plantes ou la poussière.”
Selon les prévisions de cette analyse, près des deux tiers de la pollution future proviendra des plantes. En effet, toutes les plantes émettent des produits chimiques appelés “composés organiques volatils biogéniques” (COVB). “L’odeur d'une pelouse fraîchement tondue ou la douceur d’une fraise mûre, ce sont des COVB, a expliqué le chercheur. Les plantes en émettent constamment.” Or, l’augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique et l'augmentation des températures sont deux facteurs qui élèvent la production de COVB par les plantes.
COVB : quels sont les dangers pour la santé humaine ?
Les composés organiques volatils biogéniques sont inoffensifs à eux-seuls, mais ils produisent ensuite des aérosols organiques lorsqu’ils réagissent avec l’oxygène. Ainsi, au même titre que la poussière, le sel marin, le carbone noir et le sulfate, les COVB font partie d’une catégorie de polluants atmosphériques connus sous le nom de PM2,5, car ils ont un diamètre de 2,5 micromètres ou moins.
Une fois inhalés, ces aérosols peuvent, entre autres, entraîner une mortalité infantile et de l'asthme infantile, des maladies cardiaques ou encore le cancer du poumon chez les adultes.
Plus le climat se réchauffe, plus la poussière saharienne risque de se propager
Autre inquiétude des chercheurs : la poussière du désert saharien. “Dans nos modèles, une augmentation des vents devrait projeter plus de poussière dans l'atmosphère”, a précisé Robert Allen, professeur agrégé de sciences de la Terre et des planètes à l’UCR et co-auteur de l'étude.
Plus exactement, les scientifiques expliquent que plus le climat se réchauffe, plus la poussière saharienne est susceptible d'être soufflée dans le monde entier, avec des niveaux plus élevés en Afrique, dans l'est des États-Unis et dans les Caraïbes. Les moussons qui devraient également être plus intenses dans les années à venir en Afrique de l'Ouest vont très certainement amplifier le phénomène.
“Plus nous augmentons le CO2, plus nous voyons de PM2,5 rejetés dans l'atmosphère, et l'inverse est également vrai. Plus nous le réduisons, meilleure est la qualité de l'air”, a ajouté James Gomez. Par exemple, si le climat ne se réchauffe “que de 2°C”, l’étude n'a montré “qu'une augmentation de 7 % des PM2,5”. Si l’on tend vers un monde à +4°C, cette augmentation passe à 14 %. Selon le chercheur, les émissions de CO2 doivent donc fortement diminuer dès maintenant pour avoir un effet positif sur la qualité de l'air à l'avenir.