11 millions. Il s’agit du nombre de personnes touchées par la migraine, à savoir un mal de tête pulsatile, unilatéral qui survient par crises. Selon l’Assurance maladie, les femmes en souffrent deux à trois fois plus que les hommes. Chez les patientes, les crises ont tendance à apparaître et à se concentrer au moment des menstruations, où elles sont également plus sévères, et il en va de même au début de la ménopause. Dans de nombreux cas, les symptômes s'atténuent pendant la grossesse et la fréquence des migraines diminue également après la ménopause.
Le CGRP, un neuropeptide qui dilate les vaisseaux sanguins dans le cerveau
"Les chercheurs savent depuis longtemps qu'il existe un lien entre les fluctuations hormonales et les migraines, mais la manière exacte dont ces changements déclenchent la migraine reste très peu claire", ont indiqué des scientifiques de l’université de Berlin (Allemagne). C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Neurology.
L’équipe s’est concentrée sur un neuropeptide : le "calcitonin gene-related peptide (CGRP)". Il s'agit d'une substance naturellement présente dans l'organisme. Lorsqu'une personne a une migraine, des niveaux croissants sont libérés, ce qui dilate ou élargit de manière significative les vaisseaux sanguins dans le cerveau. "Cela provoque une réponse inflammatoire qui pourrait être l'une des raisons des violents maux de tête que les gens éprouvent avec la migraine", a déclaré Bianca Raffaelli, auteure des recherches dans un communiqué.
Migraine et règles : 180 femmes ont été suivies
Dans le cadre des travaux, les auteurs ont recruté 180 femmes souffrant de migraines et ayant un cycle menstruel régulier, atteintes de céphalées et ayant une contraception orale ou présentant des maux de tête après la ménopause. Dans le détail, les volontaires ayant un cycle menstruel régulier ont dû faire deux visites médicales, une pendant leurs règles et l’autre durant la période périovulatoire. Les femmes, bénéficiant d’une pilule, ont été examinées au moment de l'intervalle sans prise d’hormones et entre les jours 7 et 14 de la prise d'hormones. Les patientes ménopausées ont été examinées une fois à un moment aléatoire. "Des échantillons de plasma et de liquide lacrymal ont été prélevés à chaque visite pour déterminer les niveaux de CGRP", peut-on lire dans l’étude.
"Les patientes migraineuses libèrent davantage de CGRP"
Lorsque les données ont été comparées à celles des femmes qui ne souffrent pas de céphalées, il est apparu que les participantes migraineuses ont des concentrations de CGRP plus élevées dans le plasma et le liquide lacrymal pendant les menstruations. "Cela signifie que lorsque les niveaux d'œstrogènes chutent immédiatement avant le début des règles, les femmes migraineuses libèrent davantage de CGRP. Cela pourrait expliquer pourquoi ces patientes font davantage de crises avant et pendant leurs règles", a expliqué Bianca Raffaelli. En revanche, il n'y avait pratiquement pas de fluctuations des niveaux d'œstrogènes chez les femmes prenant une contraception orale et celles ménopausées.
"Ces données devront être confirmées par des études de plus grande envergure, mais nos résultats suggèrent que la libération de CGRP dépend du statut hormonal chez les êtres humains, comme c'est le cas chez les animaux. La prise de la pilule contraceptive et la ménopause soulagent en effet certaines patientes migraineuses. Mais comme le montre également notre étude, certaines femmes souffrent de migraine même en l'absence de toute fluctuation hormonale. Nous soupçonnons que d'autres processus de l'organisme jouent un rôle dans le déclenchement des crises chez ces patientes. Après tout, le CGRP n'est pas le seul peptide inflammatoire susceptible de provoquer une crise de migraine", ont conclu les scientifiques.