- Le cancer du sein bilatéral, qui concerne entre 2 et 11% de l’ensemble des cancers du sein, se caractérise par la survenue d’une tumeur dans chacun des deux seins.
- La réaction du système immunitaire et la réponse au traitement sont différentes en fonction du type de chaque tumeur (luminal, triple négatif ou HER2).
- Du point de vue des mutations génétiques, les deux tumeurs seraient complètement indépendantes l’une de l’autre.
Le cancer du sein bilatéral représente 2 à 11 % des cancers du sein et son incidence continue d’augmenter. Ce type de cancer est évoqué lorsque chacun des deux seins présente une tumeur, au même moment ou dans un laps de temps d’environ six mois. Dans ce cas, ces organes contenant la glande mammaire sont affectés par la même génétique germinale et les mêmes expositions environnementales. "Il existe peu de données concernant l'infiltration immunitaire et la réponse au traitement dans les cancers du sein bilatéraux", ont indiqué des chercheurs de l’Institut Curie. C’est pourquoi ils ont décidé de mener une étude parue dans la revue Nature Medicine.
Cancer du sein bilatéral : 17.500 dossiers médicaux étudiés
Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont voulu savoir quel déterminant génétique était responsable du cancer du sein bilatéral. Pour cela, ils ont recruté 17.500 patientes, dont 404 femmes présentant des tumeurs bilatérales. L’équipe a analysé les dossiers médicaux des participantes, identifié la nature des tumeurs et observé la réponse du système immunitaire et la réponse à un traitement néoadjuvant (administré aux volontaires avant l’intervention chirurgicale). Ensuite, ils ont suivi six autres femmes. Leurs tumeurs ont été caractérisées sur le plan génomique, en comparant les profils des patientes avant et après le traitement néoadjuvant.
Le type de chaque tumeur modifie la réponse au traitement
Selon les résultats, le système immunitaire ne réagissait pas de la même manière si les tumeurs droites et gauches étaient de sous-groupes différents (luminal, triple négatif ou HER2). Par exemple, "les cancers du sein de type luminal (caractérisés par l'expression du récepteur œstrogène) ne répondent habituellement pas au traitement néoadjuvant, mais en présence d’une tumeur controlatérale de type triple négatif la réponse immunitaire et la réponse au traitement sont augmentées. Un mécanisme systémique, pour lequel il n’y a pas encore d’explication", a expliqué Joshua Waterfall, auteur des recherches, dans un communiqué.
L’origine des deux tumeurs dans chaque sein est différente
D’après les auteurs, le séquençage des tumeurs a révélé que les tumeurs gauche et droite étaient indépendantes "ce qui concerne les mutations somatiques, les altérations du nombre de copies et la phylogénie clonale". En raison de la petite taille de l’échantillon, les chercheurs n’ont pas pu trouver un gène commun à toutes ces tumeurs. "C’est une possibilité que nous ne pouvons pas éliminer mais nous ne voyons aucun élément qui va dans ce sens. Les tumeurs bilatérales ont beau ne pas être rares, leur survenue s’avère indépendante et peut être attribuée à la malchance", a précisé Joshua Waterfall.
Selon l’équipe, l’apparition des tumeurs pourrait être influencée par des facteurs du microenvironnement dans les cellules et les tissus. Au vu de ces résultats, elle conseille de considérer ces tumeurs comme deux entités différentes avant de décider d’un traitement qui les ciblerait toutes les deux.