La cigarette électronique est souvent vue comme une option moins néfaste pour la santé que le tabac. Toutefois, les produits et arômes utilisés dans ces appareils soulèvent tout de même des questions. Renee Bittoun, professeure en addiction à la nicotine à l’Avondale University et l’université de Notre Dame d’Australie, met en garde contre le danger du vapotage passif dans un article publié dans la revue The Conversation en mars 2023.
Des substances chimiques dans les e-cigarettes
Les cigarettes électroniques ne contiennent pas de tabac. En revanche, elles abritent de la nicotine. Cet alcaloïde "toxique particulièrement vicieux, car incolore et inodore" peut être rapidement "absorbé par nos voies respiratoires, y compris le nez, la bouche, les bronches… et même les oreilles", prévient l’experte.
Par ailleurs, les cartouches des appareils électroniques renferment des produits chimiques. "Il y a ces fameux arômes à l’odeur sucrée… ainsi que des particules fines et ultra-fines, divers composés chimiques (glycérol, formaldéhyde, etc.) spécifiques aux vapoteuses, voire des métaux – mais pas de goudron ou de monoxyde de carbone", écrit-elle. Ces substances sont expirées par les utilisateurs. L’entourage peut alors aussi les respirer.
"Les défenses pulmonaires des fumeurs, des vapoteurs et de leurs voisins sont dépassées en cas d’expositions répétées", prévient Renee Bittoun.
Une étude, réalisée en 2017 et 2018 dans 12 pays européens, a estimé que 16 % des adultes étaient exposés aux aérosols de cigarette électronique dans des lieux clos comme les bars, les restaurants ou les bureaux.
Le vapotage passif a des effets nocifs sur les poumons
Plusieurs études ont été entamées pour mieux appréhender les effets du vapotage dans des lieux clos comme les voitures. Une étude de 2019 montre que "bien qu’ils soient inférieurs à ceux des cigarettes de tabac, les niveaux de substances toxiques expirées sont décrits comme une "pollution de l’air ambiant" qui devrait être évitée pour protéger la santé des non-fumeurs et des non-vapoteurs".
La professeure australienne note également que des travaux ont mis en lumière "les effets respiratoires nocifs du vapotage passif". L’impact sur la santé cardiovasculaire est pour leur part encore étudié.
Mais pour l’experte, il faut agir avant la fin de ces études "nous ne pouvons pas attendre des années pour mesurer tous les effets du vapotage passif, même moins nocifs que le tabagisme passif".
"Basé sur le principe de précaution en santé publique, le défi est d’informer dès aujourd’hui les non-vapoteurs, en particulier les jeunes non-vapoteurs, sur le phénomène – et leurs droits à vivre "sans vapotage", comme à respirer un air propre", conclut l’experte.