La peste noire a fait des ravages au Moyen-Âge. Selon des estimations, elle aurait tué un Européen sur trois. Des études ont montré que des mutations dans un gène appelé ERAP2 avaient aidé les survivants à combattre cette maladie. Une nouvelle recherche, publiée dans The American Journal of Human Genetics le 7 mars 2023, montre qu’elles ont aussi chez certains individus un effet protecteur contre une autre pandémie : la Covid-19.
Le gène combat la Covid-19, mais augmente les risques de maladies auto-immunes
Les nouveaux travaux ont réuni des chercheurs des universités de Bristol, Édimbourg, Oxford, Cardiff ainsi que du Imperial College London. Ils ont utilisé une technique analytique connue sous le nom de randomisation mendélienne pour déterminer les associations existantes entre les mutations du gène ERAP2 et le risque de maladies auto-immunes ou d'infections.
L’équipe a découvert que les mutations qui avaient aidé à combattre la peste bubonique, sont toujours présentes chez certains individus aujourd’hui. Et surtout, elles sont toujours utiles. Elles offrent une protection similaire contre les infections comme la pneumonie et la Covid-19. "Cependant, il s'agit d'une situation d'équilibre, et la même constitution génétique est susceptible d'être liée à l'augmentation de diverses maladies auto-immunes", préviennent les auteurs dans leur communiqué.
ERAP2 : il s’agit d’une "sélection équilibrante"
Le Dr Hamilton, auteur principal, explique "ce gène hache essentiellement des protéines pour le système immunitaire. Bien que nous ne connaissions pas le mécanisme exact influençant le risque de maladie, les porteurs d'allèles qui offrent plus de protection contre les maladies respiratoires semblent avoir un risque accru de maladie auto-immune. C'est potentiellement un excellent exemple d'un phénomène appelé "sélection équilibrante"- où le même allèle a un effet différent sur différentes maladies".
Les scientifiques assurent que l'identification des liens entre la génétique et la susceptibilité d’avoir une maladie peut ouvrir la voie à des médicaments potentiels. Ils soulignent également que “des traitements ciblant ERAP2 sont actuellement en cours de développement pour cibler la maladie de Crohn et le cancer, il est donc important de tenir compte des effets potentiels sur le risque d'infection par ces agents”.