Près de 10 %. C’est la proportion de femmes touchées par l’endométriose. Pour rappel, cette maladie gynécologique se caractérise par la présence, en dehors de l’utérus, de fragments de muqueuse utérine (endomètre) ou tissu endométrial.
Elle provoque des douleurs plus ou moins fortes dans le bas du ventre, en particulier pendant les règles ou lors des rapports sexuels. Afin de diminuer la douleur et les lésions, différents médicaments peuvent être prescrits. Dans certains cas, une intervention chirurgicale est proposée pour retirer les lésions.
Le dichloroacétate réduirait la taille des lésions d'endométriose chez des souris
Récemment, des chercheurs de l’université d'Aberdeen (Écosse) ont suggéré qu’un traitement non-hormonal, appelé "dichloroacétate", pourrait traiter l’endométriose. Il s’agit d’un médicament utilisé pour soigner certains troubles métaboliques de l’enfance et certains cancers.
Selon une précédente recherche, publiée dans la revue PNAS, les cellules de la paroi pelvienne des patientes produisaient des quantités plus importantes de lactate, une substance chimique générée par l'organisme pour nous donner de l'énergie en cas de manque d'oxygène. Cela crée un environnement propice au développement et à la croissance de l'endométriose. Chez des souris, lorsque ces cellules ont été traitées avec du dichloroacétate, la production de lactate est revenue à des niveaux normaux et la taille des lésions d'endométriose a été réduite.
Endométriose : le traitement non-hormonal sera testé à l’automne
Les scientifiques écossais vont s’appuyer sur ces connaissances pour réaliser un essai clinique, appelé "EPIC2". Ce dernier vise à déterminer si le dichloroacétate est un médicament efficace pour traiter les douleurs de l’endométriose. L’essai permettra aussi d’identifier la dose optimale de dichloroacétate qui apportera le plus de bénéfices, à la fois en termes de lutte contre les symptômes douloureux de l'endométriose et de limitation des effets secondaires.
Dans un communiqué, l’équipe a expliqué que 100 femmes souffrant d'endométriose participeront à cet essai clinique, dont le recrutement débutera cet automne. La moitié des patientes bénéficieront du dichloroacétate tandis que l'autre moitié recevra un placebo. "La dose de dichloroacétate administrée à chaque femme sera déterminée en fonction de la version d'un gène appelé GSTZ1 dont elle est porteuse. Ce gène est responsable de la vitesse à laquelle le dichloroacétate est métabolisé par l'organisme", ont précisé les chercheurs. Les médicaments seront attribués au hasard et pris pendant 12 semaines. Chaque femme remplira une série de questionnaires et donnera des échantillons de sang pendant deux ans et demi.
D’après les scientifiques, en cas de succès, ce médicament pourrait être le premier traitement non-hormonal de l'endométriose et surtout le premier proposé depuis 40 ans.