Un microbiote caractérise l’ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, parasites non pathogènes…) qui évoluent au sein d’un environnement spécifique comme la peau, la bouche, le vagin, les poumons ou encore les intestins. "Le microbiote intestinal est le plus "peuplé" d’entre eux, abritant 1.012 à 1.014 micro-organismes. Il est principalement localisé dans l’intestin grêle et le côlon", précise l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Le microbiote intestinal stimule l’action de l’immunothérapie
Selon des chercheurs de l'UT Southwestern Medical Center (États-Unis), des bactéries saines du microbiote intestinal peuvent s’échapper de l’intestin afin de se déplacer vers les ganglions lymphatiques et les tumeurs cancéreuses présentes dans le corps. Ces germes seraient capables également de renforcer l’efficacité de certains médicaments d’immunothérapie. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans la revue Science Immunology début mars.
Pour les besoins de cette étude, les scientifiques ont eu recours à des souris atteintes par des tumeurs mélanomateuses. L’objectif : observer comment des médicaments, appelés inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, ont affecté le mouvement des microbes intestinaux dans l’organisme.
Selon les premières conclusions, le traitement qui stimule l’activité du système immunitaire contre les tumeurs entraîne aussi une inflammation du système digestif. Cela favorise le remodelage des ganglions lymphatiques au sein de l’intestin.
Les antibiotiques affaiblissent l’effet de l'immunothérapie
Grâce à ces changements, les bactéries saines du microbiote quittent l’intestin et se déplacent vers les ganglions lymphatiques et la tumeur. À ce moment-là, les micro-organismes activent des cellules immunitaires qui s'allient pour détruire les cellules tumorales. "Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire agissent en relâchant les freins du système immunitaire pour cibler le cancer", a expliqué le Docteur Koh, auteur de l’étude et directeur du programme cellulaire et immunothérapeutique de l'UT Southwestern Medical Center.
Dans leur étude, les scientifiques ont également constaté que les antibiotiques peuvent affaiblir l’effet de l'immunothérapie. En effet, ces médicaments éliminent la majorité des microbes intestinaux. Or, ce phénomène est donc néfaste pour les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, car les micro-organismes ne peuvent plus stimuler le système immunitaire.
À l’heure actuelle, l’équipe américaine prépare la mise au point de traitements à base de bactéries pour accroître l’efficacité des inhibiteurs de points de contrôle immunitaire.