"Des dizaines de milliers d’enfants" prennent des psychotropes en France. C’est ce que signale le Haut Conseil de la famille, de l'enfance et de l'âge (HCFEA) dans un rapport intitulé "Quand les enfants vont mal : comment les aider ?". Pour rappel, ces médicaments regroupent plusieurs catégories de produits agissant sur l’activité cérébrale : les anxiolytiques ou les tranquillisants, les hypnotiques ou les somnifères, les antidépresseurs, les antipsychotiques, les régulateurs de l’humeur et les psychostimulants, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT).
Psychotropes : la consommation de somnifères a augmenté de + 224 % en 2021
"Si l’on compare les données 2010 et 2021, l’augmentation continue de la consommation de psychotropes en population pédiatrique est incontestable : elle a doublé. Les données Openmédic 2021 suggèrent en effet que la consommation de médicaments psychotropes pourrait concerner plus de 5 % de la population pédiatrique", peut-on lire dans le rapport.
Dans le détail, entre 2014 et 2021, la consommation de psychotropes a augmenté de + 48,54 % pour les antipsychotiques, + 62,58 % pour les antidépresseurs, + 78,07 % pour les psychostimulants, + 27,7 % pour les anticholinergiques, + 9,48 % pour les dopaminergiques et + 155,48 % pour les hypnotiques et sédatifs. Sur la seule année 2021, la délivrance de psychotropes chez les 0-19 ans a augmenté de : + 16 % pour les anxiolytiques, + 224 % pour les hypnotiques, + 23 % pour les antidépresseurs et + 7,5 % pour les antipsychotiques.
Moins de capacités pour soigner les enfants en détresse psychologique
D’après le HCFEA, cette hausse est liée à l’exposition des enfants à plusieurs événements stressants, comme l’épidémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine. Ils sont plus exposés à la souffrance psychique et à la médication que les adultes. Autre cause : des capacités de soins insuffisantes. Selon le rapport, les moyens dédiés aux soins de première intention et le déploiement des dispositifs psychothérapeutiques, éducatifs et sociaux ne semblent pas avoir augmenté́ dans les mêmes proportions.
"Du côté des familles, le manque de repère, de lisibilité, puis d’accès aux professionnels fait obstacle à la mise en place d’un parcours de soin et d’accompagnement adapté, inscrit dans la durée. La difficulté à trouver les bons interlocuteurs qui pourront aider l’enfant et sa famille vient alors s’ajouter à l’épreuve familiale qui se joue quand un enfant va mal, et aux autres fragilités qui frappent plus fortement les familles ces toutes dernières années au travers de crises multiples."