C’est un espoir dans la lutte contre les bactéries mortelles et celles devenues résistantes aux antibiotiques : une équipe de recherche de l’université de Tel-Aviv et de l’Institut israélien de recherche biologique a créé un vaccin à ARN messager pour lutter contre ces bactéries.
ARNm contre les bactéries mortelles : comment fonctionne ce vaccin ?
L’ARN messager est une molécule produite par les cellules pour diffuser l’information génétique. Lorsqu’il est utilisé dans le cadre d’un vaccin, "ce n’est pas le virus dans sa forme atténuée qui est injecté mais seulement l’information, sous la forme de molécules d’ADN ou d’ARN, permettant de produire les antigènes (protéines) de l’agent pathogène", précise l’Inserm. "Les cellules de la personne vaccinée localisées au niveau du site d’injection (principalement les cellules du système immunitaire) sont alors en mesure de fabriquer elles-mêmes lesdites protéines, choisies en amont pour leur capacité à déclencher une réponse immunitaire protectrice capable de neutraliser le virus." Or, jusqu’ici les scientifiques réservaient cette technologie aux virus, car ils "pensaient que les vaccins à ARNm contre les bactéries étaient impossibles à créer d’un point de vue biologique", explique Dr Edo Kon, l’un des auteurs de cette nouvelle étude.
Bactéries mortelles : comment utiliser la technologie à ARNm ?
Les travaux récemment publiés dans la revue Science démontrent qu’il est tout à faire possible "de développer des vaccins à ARNm efficaces à 100 % contre les bactéries mortelles". Les auteurs ont du relever un défi : si les virus ont besoin de nos cellules pour se reproduire, ce n’est pas le cas des bactéries. L’exposition aux protéines bactériennes produites grâce au vaccin à ARNm n’a pas entraîné la réponse immunitaire souhaitée. "Si les protéines produites dans les bactéries sont identiques à celles synthétisées en laboratoire, car elles sont basées sur les mêmes "instructions de fabrication", celles produites dans les cellules humaines subissent des changements importants, comme l'ajout de sucres, lorsqu'elles sont sécrétés par la cellule humaine", observent les chercheurs dans un communiqué. Pour résoudre ce problème, nous avons développé des méthodes pour sécréter les protéines bactériennes tout en contournant les voies de sécrétion classiques." En parallèle, ils ont ajouté une portion de protéine humaine aux protéines bactériennes pour les stabiliser et cela a porté ses fruits : les scientifiques israéliens ont réussi à obtenir une réponse immunitaire satisfaisante.
Vaccin à ARNm : une piste contre l’antibiorésistance ?
Dans un essai mené sur des animaux, le sérum a permis de protéger tous les animaux contre la bactérie responsable de la peste. "En une semaine, tous les animaux non vaccinés sont morts, tandis que ceux vaccinés sont restés en vie et en bonne santé, développe le professeur Dan Peer, co-directeur de l’étude. De plus, dans l'une de nos méthodes de vaccination, une dose a fourni une protection complète juste deux semaines après son administration." Selon les chercheurs, cette nouvelle technologie peut permettre le développement rapide de nouveaux vaccins efficaces contre les maladies bactériennes, notamment celles causées par des bactéries résistantes aux antibiotiques. Cette technique pourrait aussi être utilisée pour lutter contre des bactéries répandues comme les streptocoques résistants ou le staphylocoque doré.