Elle a longtemps par erreur été considérée comme une maladie de la petite enfance. La coqueluche est une infection respiratoire très contagieuse, causée par la bactérie Bordetella pertussis, qui peut être sévère à tout âge. Elle peut devenir grave, voire mortelle, pour les femmes enceintes, les personnes âgées et les bébés de moins de six mois. Cette pathologie, dont la contamination se fait par voie aérienne au contact d’une personne malade, est traitée par des antibiotiques de la famille des macrolides.
BPZE1 : un vaccin nasal mimant "les modes de transmission et de colonisation"
Il est possible de prévenir la coqueluche grâce à la vaccination, qui est obligatoire pour les nourrissons depuis le 1er janvier 2018, selon l’Assurance maladie. Problème : les vaccins disponibles présentent une efficacité limitée. Ainsi, "les épidémies de coqueluche persistent car la transmission entre individus reste ininterrompue, malgré les taux élevés de vaccination", a indiqué une équipe de recherche internationale dirigée par Camille Locht, directeur de recherche Inserm au sein du Centre d’infection et d’immunité de Lille.
En partant de ce constat, les chercheurs ont mis au point un nouveau vaccin anticoquelucheux, appelé "BPZE1". "Ce vaccin dit 'vivant atténué' (contenant une version atténuée de la bactérie) a pour particularité de s’administrer par voie nasale et ainsi de mimer les modes de transmission et de colonisation naturels de Bordetella pertussis au niveau des muqueuses des voies respiratoires", ont-ils expliqué dans un communiqué.
280 personnes ont participé à l’essai clinique de phase 2
Pour tester l’innocuité et l’efficacité de ce traitement contre la coqueluche, les scientifiques ont mené un essai clinique de phase 2, dont les résultats ont été publiés dans la revue The Lancet. Dans le cadre de cette étude, 280 Américains, âgés de 18 à 50 ans, en bonne santé ont été recrutés et répartis en deux groupes.
Le premier a bénéficié d’une dose de BPZE1 par voie nasale et un placebo par voie intramusculaire. Les membres du deuxième groupe ont reçu une injection en intramusculaire du vaccin dCaT dit "acellulaire", qui ne contient pas de bactéries complètes mais uniquement certaines protéines issues de Bordetella pertussis, et un placebo par voie nasale. Trois mois plus tard, la moitié des volontaires de chacun des deux groupes s’est vue administrer une dose de BPZE1, afin de simuler une infection naturelle de manière atténuée, tandis que l’autre moitié a reçu le placebo intranasal.
Le vaccin nasal empêche la colonisation bactérienne des voies respiratoires
Selon les résultats, le nouveau vaccin nasal induisait une immunité consistante au niveau de la muqueuse nasale en plus de l’immunité sanguine. En outre, dans les 28 jours suivant la seconde administration par voie nasale, 90 % des adultes ayant initialement bénéficié du BPZE1 ne présentaient aucune colonie bactérienne au niveau nasal. "Chez les 10 % restants, la colonisation s’avérait faible (moins de 260 colonies par mL de mucus). En comparaison, 70 % des patients vaccinés avec dCaT présentaient une colonisation bactérienne nasale importante (près de 14.325 colonies par mL)", peut-on lire dans le communiqué de l’Inserm.
Les auteurs ont aussi constaté que l’infection régressait plus rapidement chez les participants vaccinés avec le vaccin BPZE1. "Aucun effet indésirable grave lié à la vaccination" n’a été signalé dans le cadre de l'étude. "Le profil bénéfice/risque du vaccin BPZE1 est favorable : une seule administration nasale permet d’induire sans danger et avec une bonne tolérance, une immunité forte et durable", a déclaré Camille Locht. D’après elle, ce vaccin pourrait aider à briser les chaînes de transmission épidémiques de la coqueluche.