Avoir un rhume n’est pas vraiment agréable, et pourtant cela pourrait être bénéfique. D’après une étude de l’institut Karolinska, situé en Suède, cette maladie bénigne pourrait protéger les enfants de la Covid-19. Leurs travaux sont publiés dans la revue spécialisée PNAS.
Rhume et Covid-19 : les enfants moins touchés par les formes graves
Les auteurs sont partis d’un constat : pendant les phases les plus critiques de la pandémie, les enfants et les adolescents infectés par le Sars-CoV-2 étaient statistiquement moins susceptibles de développer des formes graves de la maladie. "La plupart des enfants infectés par le Sars-CoV-2 développent une forme bénigne de la maladie ou sont asymptomatiques", affirmait la Haute autorité de santé en mars 2022.
Pour comprendre les raisons de cette différence, les scientifiques ont analysé des échantillons de sang, prélevés chez des jeunes avant l’apparition du nouveau coronavirus. L'étude se base sur 48 échantillons de sang d’enfants, âgés de deux et six ans, et 94 échantillons d’adultes, âgés de 26 à 83 ans. Les chercheurs ont constaté que les enfants étaient déjà immunisés contre la maladie grâce à des cellules T à mémoire, une forme de cellules immunitaires. D’après eux, la présence de ces lymphocytes est liée aux précédentes infections par le rhume.
Covid-19 : quel lien avec le rhume ?
En effet, le rhume peut être la conséquence d’une infection par des coronavirus. Les scientifiques suédois en ont identifié quatre pouvant expliquer la réponse immunitaire face à la Covid-19. "Cela pourrait stimuler une réponse immunitaire, avec des lymphocytes T capables de réagir également aux cellules infectées par le Sars-CoV-2", détaillent-ils. Dans leur étude, ils démontrent que les lymphocytes T mémoire peuvent réagir face aux coronavirus même chez des enfants de deux ans. D’après eux, le coronavirus OC43 est en cause : ce virus en particulier permettrait de générer une immunité face au Sars-CoV2.
Covid et rhume : pourquoi les enfants sont davantage protégés que les adultes ?
Mais les adultes peuvent aussi être contaminés par ces virus, sans qu’une telle protection ne se mette en place. "Ces réactions sont particulièrement fortes au début de la vie et s'affaiblissent beaucoup à mesure que nous vieillissons", explique Annika Karlsson, cheffe de groupe de recherche au Département de médecine de laboratoire de l’Institut Karolinska Institutet et autrice principale de la recherche.
Pour poursuivre ses travaux, l’équipe aimerait réaliser le même type de recherche sur des enfants d’âge variables, sur des adolescents et des jeunes adultes afin de comprendre "comment la réponse immunitaire aux coronavirus se développe de l'enfance à l'âge adulte". Selon les auteurs, ces premiers résultats pourront déjà apporter de nouveaux éclairages dans la surveillance du virus et des outils pour le développement de nouveaux vaccins.