- Les lipides accéléraient la vitesse de formation de petits amas toxiques appelés "oligomères".
- La cardiolipine permettait la plus forte accélération de l'agrégation du peptide bêta-amyloïde, qui jouerait un rôle dans la survenue de la maladie d’Alzheimer.
- La forme de base ou la structure secondaire des petites fibres du peptide bêta-amyloïde dépendait des lipides présents lors de leur formation.
44 millions. C’est le nombre de personnes touchées par la maladie d’Alzheimer dans le monde. "De plus en plus de preuves suggèrent que les lipides peuvent modifier de manière unique les taux d'agrégation du peptide bêta-amyloïde (qui joue un rôle dans la survenue de la maladie). Cependant, on ne sait toujours pas si les lipides modifient uniquement les taux d'agrégation des protéines ou s'ils modifient également de manière unique la structure secondaire et la toxicité des petites fibres", peut-on lire dans des travaux parus dans la revue FEBS Journal. Dans le cadre de cette étude, des chercheurs du Texas A&M University (États-Unis) ont examiné l'effet de trois lipides : la phosphatidylcholine, la cardiolipine et le cholestérol sur l'agrégation du peptide bêta-amyloïde.
L'interaction entre le peptide et les lipides accélère la formation de petits amas toxiques
Les auteurs ont constaté que les lipides accéléraient fortement la vitesse de formation de petits amas toxiques appelés "oligomères", par rapport à la vitesse d'agrégation du peptide bêta-amyloïde. Dans le détail, la cardiolipine permettait la plus forte accélération de l'agrégation de la bêta-amyloïde. En outre, la recherche a révélé que ces lipides pouvaient modifier la forme de base ou la structure secondaire du peptide bêta-amyloïde, ce qui peut encore accroître leur toxicité. Selon Dmitry Kurouski, auteur des travaux, les résultats montrent un lien étroit entre la maladie d'Alzheimer et la modification de la composition lipidique des membranes neuronales, qui peut à son tour être influencée par le régime alimentaire d'une personne.
Moins de cholestérol "pour réduire la capacité des lipides à réagir avec le peptide"
D’après l’équipe, l’étude permet de conclure que la structure secondaire des petites fibres du peptide bêta-amyloïde dépend directement des lipides présents lors de leur formation. Elle a également ajouté que les facteurs alimentaires pouvaient influencer la composition lipidique des membranes neuronales. "Un régime qui limite la quantité de cholestérol peut être important pour réduire la capacité des lipides à réagir avec le peptide bêta-amyloïde", a signalé Dmitry Kurouski.
Selon lui, certaines graisses alimentaires, telles que les acides gras oméga-3, sont importantes pour le maintien de l'intégrité et de la fonction des membranes neuronales. "En outre, des cohortes ont montré que les interventions alimentaires, telles que la restriction calorique, peuvent modifier la composition lipidique des membranes neuronales chez les animaux", a-t-il poursuivi.
Maladie d'Alzheimer : les traitements devraient cibler les interactions
Dans un communiqué, le chercheur explique que les traitements devraient cibler non pas le peptide bêta-amyloïde lui-même, mais plus spécifiquement les interactions entre les lipides et le peptide. "Ces interactions conduisent à la formation de complexes protéino-lipidiques hautement toxiques qui sont bien plus toxiques que les oligomères bêta-amyloïdes eux-mêmes", a-t-il conclu. Désormais, les scientifiques veulent approfondir les mécanismes moléculaires sous-jacents de l'interaction entre le peptide bêta-amyloïde et les lipides.