Depuis plus d’une semaine, les éboueurs sont en grève et protestent contre la réforme des retraites. À Paris, ils ont confirmé que leur mobilisation allait au moins continuer jusqu’au 20 mars. Dans plusieurs villes en France, les poubelles s’entassent sur les trottoirs. Une accumulation des déchets qui attire les rats porteurs de certaines pathologies, dont la leptospirose.
La leptospirose, une maladie professionnelle et une zoonose de loisir
Il s’agit d’une zoonose "très répandue dans le monde, particulièrement en milieu tropical et dont l’incidence en France a augmenté ces dernières années", selon le ministère de la Santé. Dans l’Hexagone, le nombre de cas est passé de 300 à 600 par an depuis 2014. "La saisonnalité de la maladie est très marquée, avec une recrudescence lors de la saison des pluies dans les régions tropicales ou pendant la période estivo-automnale dans les pays tempérés (baignade en eau douce)", précise l’Institut Pasteur. Les personnes les plus à risque de développer la leptospirose sont les agriculteurs, vétérinaires, éboueurs ou encore égoutiers, mais aussi celles pratiquant des loisirs nautiques (baignade, canoë, kayak, pêche, chasse, canyonning...).
Les rats "excrètent la bactérie dans les urines"
Cette affection est provoquée par des bactéries pathogènes, dont le sérogroupe le plus courant en France est Leptospira icterohaemorrhagiae. Ces dernières se développent dans les milieux chauds et humides (eaux douces, sols boueux) où elles peuvent survivre durant plusieurs mois. "Ses principaux réservoirs sont les rongeurs, en particulier les rats, qui excrètent la bactérie dans les urines et souillent ainsi leur milieu et occasionnellement les chiens, les animaux d’élevage (porcs)", indique le ministère de la Santé. Chez les êtres humains, la bactérie pénètre par une partie de la peau blessée ou les muqueuses. Comme pour de nombreuses maladies, la transmission est directe par un simple contact avec un animal contaminé ou par morsure. Elle peut aussi être indirecte lors d’activités de baignade en eau douce.
Leptospirose : quels sont les symptômes ?
En général, la leptospirose dure de 4 à 14 jours. Cette maladie se manifeste par de la fièvre, des frissons, une tachycardie, une splénomégalie (soit une augmentation anormale du volume de la rate), des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, des maux de tête, une éruption cutanée ou encore un syndrome méningé. "Elle peut cependant évoluer vers une atteinte rénale, hépatique, méningée ou pulmonaire. Dans 20 % des cas, elle se complique d’un syndrome hémorragique. (…) Les formes graves associent insuffisance rénale aiguë, atteinte neurologique (convulsions, coma) et des hémorragies plus ou moins sévères (pulmonaire, digestive). Des complications oculaires (uvéite, kératite) tardives peuvent survenir", détaille l’Institut Pasteur.
Comment traiter la leptospirose ?
Une hospitalisation est nécessaire pour les formes graves de la maladie. Le traitement repose sur la réanimation médicale et l’administration d’antibiotiques (amoxicilline, céphalosporine et cyclines) pour réduire les risques de complications, les symptômes et raccourcir son évolution. "Un vaccin humain, monovalent, est proposé en France uniquement aux travailleurs très exposés (égoutiers, éboueurs). Les protections individuelles (gants, lunettes, bottes) sont conseillées lors des activités à risque. Un vaccin multivalent pour les chiens est très largement utilisé en France", peut-on lire sur le site de l’Institut Pasteur.