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Santé cardiaque

Hypertension de l’enfant : les kilos en trop élèvent les risques, non sans conséquence

Par Sophie Raffin

Avoir quelques kilos en trop augmente le risque des enfants de souffrir d’hypertension artérielle, et cela peut leur provoquer des lésions cardiaques qui s'intensifient avec l'âge.

kwanchaichaiudom/istock
Les enfants qui sont en surpoids - même léger - ont plus de risque de souffrir d'hypertension.
Chaque point d'IMC gagné par an augmente le risque d'hypertension infantile de 4 %.
Or, une seconde étude montre qu'avoir de l'hypertension artérielle à l'adolescence entraîne des lésions cardiaques précoces. Elles peuvent s'aggraver à l'âge adulte.

L’hypertension est souvent assimilée à une maladie d'adulte. Et, si la grande majorité des patients sont majeurs, les enfants peuvent aussi en souffrir. Un des facteurs qui élève la tension artérielle des plus jeunes serait les kilos en trop. Une nouvelle étude, parue dans JAMA Network Open, révèle que même un gain de poids modeste au-dessus de la moyenne expose les enfants à un risque d'hypertension artérielle.

Un léger surpoids chez l’enfant suffit pour augmenter la tension

Les chercheurs de Kaiser Permanente, système de soins américain à but non-lucratif, ont repris les dossiers médicaux de 801.019 jeunes âgés de 3 à 17 ans, bénéficiaires de l’organisation entre 2008 et 2015. Ils ont étudié l’évolution de leur Indice de Masse Corporelle (IMC) sur cinq ans ainsi que leur pression artérielle. Les scientifiques ont divisé les participants en trois groupes : poids faible, moyen et élevé. 

"Contrairement aux adultes, les niveaux d'IMC chez les enfants et les adolescents doivent être exprimés par rapport aux autres personnes du même âge et du même sexe", précisent les auteurs dans leur communiqué

Les travaux montrent que les jeunes qui sont dans la fourchette haute du poids moyen ont 26 % plus de risques de développer une hypertension dans les 5 ans par rapport aux enfants ayant un IMC de 25. De plus, chaque point d'IMC gagné par an augmente le risque d'hypertension infantile de 4 %.

"L'obésité peut être le facteur de risque le plus important d'hypertension pendant l'enfance. Les parents devraient parler à leur pédiatre pour voir si leur enfant peut être à risque d'hypertension et avoir d'autres conditions médicales chroniques évitables liées à l'obésité", explique l'auteure principale de l'étude, la Dr Poornima Kunan, pédiatre et chercheuse au Kaiser Permanente Manhattan Beach Medical Office. 

L’hypertension est néfaste pour le cœur des adolescents

La découverte des chercheurs de Kaiser Permanente est d’autant plus inquiétante si on prend en compte les travaux présentés dans le Journal of Pediatrics le 2 mars dernier. Des scientifiques de l’University of Bristol et de l'University of Eastern Finland ont mis en évidence qu’une hypertension non contrôlée à l’adolescence entraîne des lésions cardiaques précoces. Ces dernières sont, de plus, susceptibles d'être exacerbées lors du passage à l'âge adulte.

L’équipe anglo-finlandaise est parvenue à cette conclusion après avoir suivi 1.856 adolescents. Les volontaires avaient 17 ans au départ de l’essai et ont été suivis pendant sept ans. Des lésions cardiaques prématurées étaient observées chez les deux sexes, mais elles différaient.

Chez la gent masculine, une pression artérielle systolique élevée et une hypertension étaient associées à un risque accru d'environ 10 % à 30 % de lésions de la fonction cardiaque (dysfonctionnement diastolique ventriculaire gauche...). En revanche, il n'y avait aucun risque de lésions de la structure cardiaque (hypertrophie ventriculaire gauche, paroi épaisse...).

Les femmes de leur côté présentaient un risque accru de 60 à 217 % de lésions de la structure cardiaque et une hausse de 35 à 65 % des risques de lésions de la fonction cardiaque.

"Cette nouvelle preuve de l'effet délétère de l'hypertension artérielle et de l'hypertension primaire sur le cœur de la population jeune est alarmante", confie le Dr Andrew Agbaje, médecin et épidémiologiste clinique à University of Eastern Finland dans un communiqué de son établissement. Avec ses collègues, il préconise la mise en place d’un dépistage de l’hypertension chez les adolescents afin de réduire les complications à l’âge adulte.