- Des chercheurs ont découvert des souches ultra résistantes aux antibiotiques de la bactérie Shigella sonnei.
- Cette bactérie est l’une des espèces responsables de la shigellose, une maladie diarrhéique très contagieuse.
- Actuellement, seuls deux antibiotiques sont encore efficaces selon les scientifiques.
Chaque année, dans le monde, des centaines de milliers de décès sont dus à la shigellose, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Cette maladie, aussi appelée dysenterie bacillaire, est une infection de l’intestin due à des bactéries de quatre espèces appelées shigelles. En France, c’est la Shigella sonnei qui circule majoritairement. Cette dernière inquiète l'Institut Pasteur, car elle se montre de plus en plus résistante aux antibiotiques.
La bactérie Shigella sonnei devient ultra-résistante aux antibiotiques
Les symptômes de la shigellose sont une diarrhée de 3 à 4 jours, qui cesse spontanément. Mais certains patients peuvent avoir des signes plus graves comme une diarrhée sanglante. Généralement, un traitement antibiotique est nécessaire pour soigner les cas modérés à sévères ou encore pour stopper la transmission entre les personnes dans des contextes épidémiques.
Mais, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications, certaines souches de Shigella sonnei seraient devenues hautement résistantes aux antibiotiques. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé plus de 7.000 souches de Shigella sonnei et d'informations épidémiologiques recueillies entre 2005 et 2021.
Les souches ultra-résistantes (souches XDR pour extensively drug-resistant) ont été identifiées pour la première fois sur les échantillons de de Shigella sonnei datant de 2015. “Puis, les scientifiques ont constaté que la proportion de ces souches XDR, résistantes à quasiment tous les antibiotiques recommandés pour le traitement de la shigellose, a augmenté de façon importante jusqu'à atteindre un pic en 2021 : 22,3 % de toutes les souches de Shigella sonnei étaient hautement résistantes cette année-là (correspondant à 99 cas)”, peut-on lire sur le communiqué de presse de l’Institut Pasteur.
Seuls deux antibiotiques encore efficaces pour la shigellose
Après une analyse de ces souches XDR, les scientifiques ont observé qu’elles appartenaient toutes à “une même lignée évolutive devenue résistante à un antibiotique clé (la ciprofloxacine) vers 2007 en Asie du Sud.” Ensuite, elles se sont répandues dans le monde, notamment en France. Pour les cas sévères de la maladie, il n’y a plus que quelques antibiotiques efficaces : les carbapénèmes ou la colistine. Ceux-ci doivent être administrés par voie intraveineuse. "Ce qui rend le traitement plus agressif avec un suivi plus complexe en milieu hospitalier", prévient l'Institut Pasteur.
Parmi les cas observés en France, certains avaient voyagé en Asie du Sud ou d'Asie du Sud-Est et d'autres étaient des hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH). "Ce constat devrait être pris en compte par les cliniciens et les laboratoires dans le cadre des consultations pour infections sexuellement transmissibles (IST), avec pratique d’un antibiogramme systématique en cas d’isolement d’une Shigelle pour une meilleure prise en charge des patients infectés par ces souches hautement résistantes", estime l'organisme de recherche.