C’est une étude qui n’est pas rassurante. Selon des travaux publiés dans la revue JAMA Health Forum, la probabilité que les prescriptions médicales soient inappropriées aux besoins du patient serait plus forte si la durée d'une consultation avec son médecin est rapide. Autrement dit, moins les consultations prennent de temps, plus il y a de probabilités que les médicaments prescrits ne soient pas les bons.
Des taux plus élevés de prescription inappropriée
Pour parvenir à leurs résultats, les scientifiques d'University of Minnesota in Minneapolis ont analysé les différences de durée des consultations en soins primaires et les décisions de prescription potentiellement inappropriées prises par les médecins. Ces données impliquaient plus de 8,1 millions de rendez-vous médicaux aux États-Unis, avec plus de 4,3 millions de patients et 8.091 praticiens.
Résultats : "une durée de visite plus courte était associée à des taux plus élevés de prescription inappropriée d'antibiotiques pour les infections des voies respiratoires supérieures et à une coprescription inappropriée d'opioïdes et de benzodiazépines (des médicaments qui ont pourtant des risques de surdosage potentiellement mortel note l’étude) pour les patients souffrant d'affections douloureuses", expliquent les auteurs de cette étude dans un communiqué. Néanmoins, ils indiquent que ces prescriptions inappropriées n’ont pas été observées pour d’autres pathologies ou motifs de consultation.
En France, la durée moyenne de consultation serait de 16 minutes
La durée moyenne d’une consultation était de 18 minutes dans cette étude… Un temps plus long qu’en France. En effet, selon une enquête de la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees) réalisée en 2002 auprès des médecins généralistes libéraux, les consultations et visites durent en moyenne 16 minutes.
Dans des travaux de 2022, les scientifiques ont souligné que la prescription inappropriée n’était pas une décision consciente des médecins. La cause viendrait davantage, pour les auteurs, d’une charge de travail trop élevée qui les pousse à voir beaucoup de patients et donc à aller vite lors de leurs consultations.
Dans ce contexte, prescrire un antibiotique serait donc un moyen facile de satisfaire un patient plutôt que d’expliquer que ce médicament ne permet pas de guérir une infection virale. "Les ordonnances peuvent être un moyen de faire en sorte qu'un patient se sente entendu”, explique Hannah T. Neprash, l’une des autrices de l'article publié en mars.
Les chercheurs estiment que l’une des solutions pourrait être de revoir le système de rémunération à l’acte, pour permettre aux médecins d’avoir plus de temps avec leurs patients.