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Maladies neurodégénératives

Football : les joueurs seraient plus susceptibles de développer une démence

Les footballeurs masculins ont 1,6 fois plus de chance de souffrir de la maladie d’Alzheimer ou d’autres types de démences, selon une récente étude.

Football : les joueurs seraient plus susceptibles de développer une démence matimix/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les joueurs de football présentaient un risque de maladie d'Alzheimer et d'autres démences 1,6 fois supérieur à celui du groupe témoin, avec 8 % (491 sur 6.007) contre 5 % (2.889 sur 56.168).
  • Les risques étaient moindres pour ce qui est de la maladie des motoneurones et inférieurs pour Parkinson, probablement grâce au maintien d'une bonne forme physique.
  • Les auteurs reconnaissent néanmoins certaines limites à leur étude, dont les résultats ne pourraient pas être généralisables aux joueurs de football modernes.

Ces dernières années, les inquiétudes sont croissantes concernant les conséquences des traumatismes crâniens dans le football sur la santé à long terme, notamment après qu’une étude écossaise a suggéré en 2021 que les joueurs de football étaient 3,5 fois plus susceptibles de développer une maladie neurodégénérative. Plusieurs associations de football ont depuis pris des mesures, par exemple les fédérations anglaises, écossaises et irlandaises qui ont interdit le jeu de tête à l’entraînement pour les joueurs de moins de 12 ans.

Une nouvelle étude observationnelle, publiée le 16 mars dans la revue The Lancet Public Health, risque de renforcer ces inquiétudes. Selon ses résultats, les footballeurs masculins seraient 1,5 fois plus susceptibles de développer une maladie neurodégénérative.

Démence : les footballeurs ont plus de risque de développer Alzheimer

L'étude a utilisé les registres nationaux de santé suédois pour recenser les maladies neurodégénératives chez 6.007 footballeurs masculins qui avaient joué dans la première division suédoise de 1924 à 2019. Parmi ces derniers, 9 % (537 sur 6.007) ont reçu un diagnostic de maladie neurodégénérative, contre 6 % (3.485 sur 56.168) dans le groupe témoin étudié. Il y avait des joueurs professionnels mais aussi amateurs puisque les clubs de football en Suède n'étaient pas autorisés à verser de salaires à leurs joueurs jusqu'à la fin des années 1960.

Dans le détail, les footballeurs présentaient un risque de maladie d'Alzheimer et d'autres démences 1,6 fois supérieur à celui du groupe témoin, avec 8 % (491 sur 6.007) contre 5 % (2.889 sur 56.168). Il n'y avait pas d'augmentation significative du risque pour les joueurs de football à propos de la maladie des motoneurones. Le risque de maladie de Parkinson était plus faible chez les footballeurs. Enfin, la mortalité globale était légèrement inférieure chez les footballeurs par rapport au groupe témoin (40 % contre 42 %).

Le maintien d'une bonne forme physique pourrait compenser les risques

"Bien que l'augmentation du risque dans notre étude soit légèrement inférieure à celle de l'étude précédente réalisée en Écosse, elle confirme que les joueurs de football ont un plus grand risque de maladie neurodégénérative plus tard dans la vie. Comme il y a de plus en plus d'appels pour des mesures plus importantes afin de protéger la santé cérébrale, notre étude s'ajoute à la base de preuves limitées et peut être utilisée pour guider les décisions sur la façon de gérer ces risques”, a déclaré le principal auteur de l’étude, Peter Ueda, professeur adjoint au Karolinska Institutet en Suède, dans un communiqué.

“La mortalité globale plus faible que nous avons observée chez les joueurs de football indique que leur état de santé global était meilleur que celui de la population générale, probablement en raison du maintien d'une bonne forme physique. L'activité physique est associée à un risque plus faible de démence, on pourrait donc supposer que les risques potentiels d'impacts à la tête sont quelque peu compensés par une bonne forme physique. Une bonne forme physique peut également être la raison du risque plus faible de maladie de Parkinson”, ajoute Björn Pasternak, chercheur principal au Karolinska Institutet.

Les auteurs avertissent que bien que 9 % des joueurs de football et 6 % des témoins aient reçu un diagnostic de maladie neurodégénérative au cours de leur étude, la plupart des participants étaient encore en vie à la fin de la collecte de données, de sorte que les risques à vie de développer une maladie neurodégénérative pour les deux groupes sont susceptibles d'être plus élevés.

Les joueurs de champ sont plus touchés par la démence que les gardiens de but

L’étude a également comparé les risques entre les joueurs de champ et les gardiens de but : les joueurs de champ auraient un risque de maladie neurodégénérative 1,4 fois plus élevé que celui des gardiens de but, pour qui les risques ne sont pas significativement plus élevés par rapport au groupe témoin.

“Les gardiens de but ont plus rarement le ballon, contrairement aux joueurs de champ, mais sont exposés à des environnements et à des modes de vie similaires pendant leur carrière. On a émis l'hypothèse que les traumatismes crâniens légers et répétitifs subis lors des tirs de la tête sont la raison pour laquelle les joueurs de champ courent un risque plus important. Et la différence de risque de maladie neurodégénérative entre ces deux types de joueurs pourrait soutenir cette théorie", précise Peter Ueda.

Les résultats pourraient être différents pour les footballeurs actuels

Les auteurs reconnaissent néanmoins certaines limites à leur étude, dont les résultats ne pourraient pas être généralisables aux joueurs de football d’aujourd'hui. Comme les maladies neurodégénératives surviennent généralement plus tard dans la vie, la plupart des footballeurs étudiés qui étaient assez âgés pour avoir développé l'une de ces conditions ont joué au football au milieu du XXème siècle, à une période où le style de jeu, l’arbitrage, les équipements et les ballons étaient différents d’aujourd’hui et où le risque d’impact à la tête et de traumatismes crâniens étaient potentiellement plus grands. Il se peut que le passage des ballons en cuir d’antan (qui pouvaient s’imprégner d’eau et devenir plus lourds) aux ballons synthétiques d’aujourd’hui ait par exemple réduit les risques.

À l'inverse, le risque pourrait aussi avoir été accentué avec le temps étant donné que les footballeurs modernes s'entraînent plus intensément et à un plus jeune âge qu’auparavant. L'étude a également examiné uniquement les joueurs de football d'élite masculins, de sorte que la généralisation de l'étude aux joueuses d'élite féminines et aux joueurs amateurs et juniors masculins et féminins est incertaine.

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