Pilule, implant, stérilet : toutes les contraceptions hormonales augmentent le risque de cancer du sein. D’après une nouvelle étude, ce constat est valable quel que soit le type d’hormones utilisées. Les études précédentes sur le sujet s’étaient concentrées uniquement sur les contraceptifs oraux dits combinés, qui associent œstrogènes et des progestatifs. Dans la revue spécialisée PLOS Medicine, des scientifiques britanniques montrent que la progestérone utilisée seule augmente elle aussi le risque.
Cancer du sein et contraceptifs hormonaux : les progestatifs seuls sont de plus en plus utilisés
"Il existe peu de données sur l'effet des contraceptifs hormonaux progestatifs seuls, rappellent les auteurs dans un communiqué. Cependant, l'utilisation de contraceptifs progestatifs seuls a considérablement augmenté ces dernières années, avec presque autant de prescriptions en Angleterre pour les contraceptifs oraux progestatifs seuls que pour les contraceptifs oraux combinés en 2020." En France, l’agence nationale de sécurité du médicament estime que les ventes de ce type de pilule ont été multipliées par deux entre 2011 et 2021. Face à cette augmentation importante, les chercheurs ont voulu comprendre l’impact de ce mode de contraception sur le risque de cancer du sein.
Contraception hormonale : elle augmente le risque de cancer du sein
Pour y parvenir, ils ont analysé les données médicales de près de 10.000 femmes de moins de 50 ans, diagnostiquées d’un cancer du sein entre 1996 et 2017, et d’environ 18.000 autres, constituant le groupe de contrôle. En moyenne, 44 % des femmes atteintes d'un cancer du sein et 39 % des femmes du groupe témoin avaient une prescription de contraceptifs hormonaux, la moitié d’entre elles concernaient des progestatifs seuls. Après cinq ans d'utilisation, le risque associé de cancer du sein sur 15 ans est estimé à 8 cas pour 100.000 utilisatrices de contraceptifs hormonaux à l'âge de 16 à 20 ans et à 265 cas pour 100.000 utilisatrices à 35 ans - 39 ans. "Le risque de cancer du sein était également et significativement augmenté, que le contraceptif utilisé soit une préparation orale combinée (œstrogène et progestatif), une préparation orale progestative seule, un progestatif injecté ou un dispositif intra-utérin libérant un progestatif", concluent les auteurs. Selon eux, l’augmentation du risque de cancer du sein est comprise entre 20 et 30 %, quel que soit le type de contraception hormonale utilisée.
Cancer du sein et contraception hormonale : des risques à relativiser ?
Les auteurs de l’étude souhaitent toutefois mettre ces résultats en perspective. "Ces risques excessifs doivent cependant être considérés dans le contexte des avantages bien établis de l'utilisation de contraceptifs pendant les années de procréation des femmes", soulèvent les auteurs. Ils notent aussi que le risque de cancer du sein augmente avec l’âge chez toutes les femmes, quel que soit le mode de contraception. "Je ne veux vraiment pas que les femmes voient cela et pensent : 'Oh, non, je dois arrêter la pilule progestative, complète Gillian Reeves, co-autrice de cette étude et directrice de l’unité d’épidémiologie du cancer à l'université d’Oxford, dans un article de NBC. Ce risque accru est présent, quel que soit votre contraceptif hormonal (…). Ces types de contraceptifs plus récents ne sont certainement pas pires que les autres." Selon l’Assurance maladie, environ une femme sur huit souffre d’un cancer du sein au cours de sa vie.