Comme chaque année, la Journée mondiale du diabète qui se déroule le 14 novembre est l’occasion de faire le point sur cette maladie qui touche plus de 3 millions de personnes en France. A ce titre, l'Assurance maladie rappelle ce mardi que le diabète connaît l’une des progressions les plus importantes parmi les maladies chroniques (1). Résultat, la maladie reste, en effectifs, la première des affections de longue durée, devant le cancer. Elle représente 7,5 mds € de dépenses de santé chaque année. Alors, pour répondre à cet enjeu de santé publique majeur, l’Assurance Maladie a développé le service Sophia, qui offre un accompagnement personnalisé aux malades. L'enjeu de ce programme est double : améliorer la qualité de vie des patients et réduire les coûts dûs aux complications.
460 000 diabétiques français sont suivis
Le service Sophia offre un accompagnement personnalisé aux patients diabétiques pour leur permettre de mieux connaître leur maladie, ses complications, et d'adapter leurs habitudes de vie. Concrètement, le service propose à ces patients adhérents le soutien d'un infirmier-conseiller en santé. Ce dernier est spécialement formé à l'accompagnement des malades chroniques. Il est à l'écoute des patients pour leur apporter un soutien et des conseils adaptés à leur état de santé et à leurs besoins. Il les encourage à mettre en pratique les recommandations officielles (alimentation, activité physique, tabac, examens de suivi...). En pratique, les patients sont contactés par téléphone.
Par ailleurs, le programme prévoit l'envoi régulier aux patients de livrets et journaux d'information sur la maladie. Enfin, un espace d'information sur le diabète est accessible à tous les malades dans leur espace « adhérent » sur www.ameli-sophia.fr. Cette large base d'informations sur le diabète leur permet d'approfondir leurs connaissances et de mieux comprendre la maladie.
Après une expérimentation dans 19 départements, le service Sophia a été étendu à l’ensemble du territoire français début 2013. Le bilan dressé, moins d’un an après cette généralisation, est positif : aujourd’hui, ce sont plus de 460 000 personnes diabétiques en France qui en bénéficient. Conclusion, sur les 1,9 million de personnes concernées, près d’1 sur 4 a choisi d'y adhérer.
Des premiers résultats encourageants
Un premier bilan de l'Assurance maladie sur le programme Sophia de 2008 à 2011 montre une amélioration de l'état des patients diabétiques sur la quasi-totalité des indicateurs de la maladie : + 5,6 points pour les trois dosages d'hémoglobine glyquée (HbA1c) recommandés dans l'année, + 7,6 points pour la réalisation d'un électrocardiogramme ou la consultation avec un cardiologue, + 3 points pour le recours à une consultation ophtalmologique.
De plus, après ajustement des données, la probabilité pour que les adhérents Sophia réalisent une visite ophtalmologique est 1,45 fois plus élevée que dans la population générale. Elle est aussi 1,3 fois plus élevée pour la réalisation d'un électrocardiogramme, ou la visite chez un cardiologue.
Moins de dépenses de soins chez les adhérents
Les effets bénéfiques de Sophia s'étendent aussi à la consommation de soins : les dépenses de soins de ville des adhérents sont en effet inférieures à celles du groupe témoin. Dans le détail, il apparaît que les adhérents au programme ont des dépenses plus élevées que la population témoin en matière de consultations et d'actes médicaux (+40 euros), mais leurs dépenses paramédicales sont moins importantes (- 89 euros).
Concernant les dépenses hospitalières, elles sont également moindres dans la population adhérente que dans la population témoin, toutes hospitalisations confondues. La probabilité d'être hospitalisé pour diabète, à profils comparables, est inférieure de 11 % dans la population Sophia par rapport à la population témoin.
Enfin, sur les trois années observées, les dépenses ambulatoires et hospitalières des adhérents à ce programme sont moins élevées de 226 euros que celles des patients témoins : 54 euros pour le poste ambulatoire, et 172 euros pour le poste hospitalier.
Sophia coûterait-il trop cher ?
Depuis la mise en place de ce programme, certains professionnels de santé s'interrogent sur son rapport coût/ efficacité. Le programme était évalué à 20 millions d'euros pour 130 000 patients. Trop cher ? A cette question, Frédéric Van Roeckeghem, directeur général de l'Assurance maladie répondait récemment par la négative : « En 2011, le programme a coûté 116 euros par adhérent, 127 euros en 2012, et il devrait coûter 93 euros en 2013. Nous tablons sur un coût par adhérent de 69 euros en 2014. Le programme Sophia atteindra l'équilibre lorsqu'il coûtera 55 euros par adhérent », rajoutait-il. Et ce dernier de conclure en inquant que, « les économies se mesureront sur le long terme. »
Enfin, dernière critique à l'encontre de Sophia formulée par le CISS, celle du fichage. Avec ce programme, l'Assurance maladie peut en effet établir des fichiers de malades pour proposer des programmes de santé publique. Les associations de patients craignent que cela incite l'assurance malade à moduler les remboursements en fonction du niveau d'adhésion au programme Sophia...
(1) Données 2011 – Nombre de personnes traitées pour diabète – « Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses : propositions de l’Assurance Maladie pour 2014 »