- Deux communautés boliviennes ont les taux de maladie cardiaque et cérébrale les plus faibles du monde.
- C'est principalement lié à leur alimentation et leur activité physique.
- L'ère industrielle a entraîné une surconsommation de nourriture et une plus forte sédentarité, qui nuisent à la santé cardiaque et cérébrale.
Vous n’avez peut-être jamais entendu parler des Tsimané et des Mosetén ? Ces deux ethnies vivent dans des forêts tropicales boliviennes. La pêche, la cueillette, la chasse et l’agriculture leur permettent de subvenir à leurs besoins, loin du monde industrialisé. Depuis plusieurs années, leur santé intéresse la science, et pour cause : les membres de ces deux communautés sont moins sujets aux maladies cardiaques et cérébrales. "Certains des taux les plus bas de maladies cardiaques et cérébrales jamais signalés par la science se trouvent parmi les communautés autochtones habitant les forêts tropicales des basses terres de la Bolivie", notent même des chercheurs de l’université de San Diego. Récemment, ces scientifiques ont trouvé différentes explications à ce phénomène.
Communautés boliviennes : quel est leur état de santé cérébral ?
Dans la revue spécialisée Proceedings of the National Academy of Sciences, ils expliquent avoir suivi 1.165 adultes issus des communautés Tsimané et Mosetén, âgés de 40 à 94 ans. Tous ont été transportés dans des hôpitaux pour réaliser différents examens de santé. L'équipe de recherche a utilisé des tomodensitogrammes pour mesurer le volume du cerveau en fonction de l'âge. Ils ont également mesuré l'indice de masse corporelle, la pression artérielle, le cholestérol et d'autres marqueurs d'énergie et de santé globale.
Les chercheurs ont découvert que les Tsimané et les Mosetén avaient moins d'atrophie cérébrale et une meilleure santé cardiovasculaire, en comparaison aux populations des États-Unis et d'Europe. "Les taux d'atrophie cérébrale liée à l'âge, ou de rétrécissement du cerveau, sont corrélés aux risques de maladies dégénératives telles que la démence et la maladie d’Alzheimer", précisent-ils dans un communiqué.
Comment expliquer la meilleure santé cérébrale de ces populations ?
Selon eux, plusieurs éléments peuvent expliquer la bonne santé cardiaque et cérébrale de ces populations. "Le mode de vie de nos ancêtres préindustriels a été interrompu par une disponibilité alimentaire limitée, explique Andrei Irimia, l’un des auteurs de cette recherche. Historiquement, les humains ont passé beaucoup de temps à faire de l'exercice par nécessité, pour trouver de la nourriture, et leurs profils de vieillissement cérébral reflétaient ce mode de vie." Or le quotidien de ces deux communautés boliviennes correspond aux habitudes pré-industrielles.
D’après les auteurs, les Tsimané et les Mosetén se rapprochent du "sweet spot", ou de l'équilibre entre l'effort quotidien et l'abondance de nourriture, qui pourrait être la clé d'un vieillissement cérébral sain. Dans les sociétés où la nourriture est abondante et où l’exercice physique n’est pas obligatoire, les humains seraient soumis à un conflit permanent entre "ce qu’ils savent consciemment être le meilleur pour leur santé et les envies, ou pulsions, qui découlent du passé évolutif ". Ce "sweet spot", serait le juste milieu parfait pour la santé cérébrale et cardiaque : manger à sa faim, avec suffisamment de nutriments, et faire beaucoup d’exercice.