"Covid long". Ce terme a été créé et utilisé par les patients puis repris dans la littérature pour qualifier la présence de symptômes au-delà de plusieurs semaines ou mois après une infection au coronavirus, selon la Haute Autorité de Santé. D’après la professeure Claire Andrejak, pneumologue et spécialiste des infections respiratoires dans le service de pneumologie et de réanimation au CHU d’Amiens, ce terme "n’est pas le plus approprié".
"Il voudrait dire que tous les symptômes que présentent les patients sont liés au Covid-19. (…) Ces derniers sont-ils associés au coronavirus ? A une autre maladie qui a été aggravée par l’infection ou carrément à autre chose ? On ne le sait pas. Ce n’est pas dans la définition, c’est pour cela que je préfère parler de symptômes persistants post-Covid. De plus, personne ne sait au bout de combien de temps on doit considérer que c’est pathologique d’être encore 'symptomatique'", a-t-elle poursuivi.
Ne pas mettre trop vite les patients dans la case "Covid long" qui est "stigmatisée"
Selon la spécialiste, il est possible de parler de séquelles post-Covid, lorsque les symptômes persistent au-delà de six mois ou d’un an "pour être sûr qu’ils soient bien installés et que les patients ne récupèrent pas". Chez certains malades, une pathologie "pas forcément diagnostiquée" était apparue avant l’infection à la Covid-19 et a été exacerbée. "D’autres avaient déjà des symptômes, mais ils n’y faisaient pas attention parce qu’ils étaient habitués. Après avoir été contaminé par le virus, ils se sont demandés s’ils n’étaient pas atteints d’un Covid long."
La Pr Claire Andrejak indique que chez certains patients, aucune séquelle ou affection sous-jacente n’a été identifiée, mais ils souffrent tout de même d’hyperventilation qui cause la survenue de plusieurs symptômes. "Il ne faut pas étiqueter trop vite les malades et les mettre dans la case Covid long, qui est malheureusement stigmatisée. Dans un premier temps, il convient d’éliminer les séquelles et les pathologies sous-jacentes qui peuvent provoquer les mêmes symptômes", a-t-elle ajouté.
Les symptômes "vont s’atténuer, mais ça prend du temps"
La pneumologue rassure les malades concernant l’évolution des symptômes. "Ils vont s’améliorer et s’atténuer, mais ça prend du temps. Il faut donc beaucoup de patience. Tout va probablement se jouer sur la rééducation pour la dyspnée (soit l’essoufflement) et l’anosmie (à savoir la perte de l’odorat)". Lors des séances de kiné, les patients apprennent à respirer pour que cela redevienne un réflexe. "C’est difficile pour eux, car habituellement, on ne pense pas à respirer, c’est automatique et ça se fait tout seul", spécifie Claire Andrejak.