Une avancée scientifique pourrait alimenter le débat autour de la notion controversée de la sélection du sexe d’un bébé… Des chercheurs ont en effet mis au point une procédure, qui sépare les spermatozoïdes en fonction de leur poids, permettant de déterminer si l’enfant à naître sera de sexe féminin ou masculin.
Tri des spermatozoïdes : leur poids indique s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon
"Les spermatozoïdes contenant un chromosome X (femelles) sont légèrement plus lourds que les spermatozoïdes contenant un chromosome Y (mâles)", a expliqué l'auteur de l'étude parue dans PLOS ONE, le Dr Gianpiero Palermo, professeur d'embryologie en obstétrique et gynécologie à la Weill Cornell Medicine de New York. "Nous laissons les spermatozoïdes nager dans leur environnement. C'est un concept très simple : les spermatozoïdes les plus légers montent vers le haut tandis que les plus lourds vont vers le bas.”
Les techniques de tri des spermatozoïdes ont déjà été testées et proposées, mais cette nouvelle procédure semble beaucoup plus précise et sûre, ont indiqué les scientifiques.
Après avoir sélectionné un spermatozoïde, les chercheurs l'injectent au centre de l'ovule et l'embryon subit un test génétique préimplantatoire pour détecter les anomalies chromosomiques ou le sexe.
Ce n’est pas une nouveauté : les couples qui suivent des traitements de fertilité connaissent souvent le sexe de l'embryon avant qu'il ne soit implanté, selon Gianpiero Palermo. Mais à l'avenir, cette procédure pourrait également aider les couples qui n'ont pas besoin de traitements de fertilité et qui souhaitent connaître le sexe de leur enfant pour des raisons d’équilibre familial ou de santé, notent les auteurs.
Cela peut signifier opter pour un garçon si une famille compte déjà trois filles, ou bien en prévention d'une maladie héréditaire associée à un sexe spécifique comme dans le cas de l'hémophilie, un trouble héréditaire de la coagulation qui touche principalement les hommes.
Fille ou garçon ? Le choix est confirmé dans près de 80 % des cas
Parmi 105 couples participants, 59 voulaient une fille et 46 un garçon. Leur souhait a été réalisé dans la très grande majorité des cas puisque parmi ceux qui souhaitaient une progéniture féminine, 79 % des embryons testés étaient de sexe féminin. Quant aux couples désirant un garçon, près de 80 % de leurs embryons étaient de sexe masculin.
La sélection du sexe soulève néanmoins des considérations éthiques : "Au fur et à mesure que la technologie s'améliore, le choix d'offrir et de vendre [la sélection du sexe] devient de plus en plus fort", d’après le Dr Arthur Caplan, bioéthicien et fondateur de la division d'éthique médicale à l'école de médecine Grossman de l'université de New York.
Les couples pourraient choisir les caractéristiques de leur enfant, notamment sa taille, la couleur de ses yeux, ou sa force. "La sélection du sexe pourrait également créer un déséquilibre dans la société, et une modification du ratio de population pourrait devenir un véritable problème", a déclaré M. Caplan.