- Des chercheurs ont mis au point un modèle mathématique pour déterminer les zones des aéroports où le risque de contamination est le plus grand.
- Ils ont découvert qu'il s'agissait des bars et des restaurants.
- L'outil peut être utilisé pour d’autres modes de transport tels que les trains, les métros, les gares routières ou d’autres lieux bondés.
Entre l’attente souvent longue, les nombreuses consignes à suivre (retirer les objets métalliques et les appareils métalliques, 100 ml de liquide maximum…) et l’heure du décollage approchant, les contrôles de sécurité des aéroports font partie des zones les plus anxiogènes pour de nombreux voyageurs. S’il ne fait aucun doute qu’ils peuvent être particulièrement stressants, ils ne sont pas les lieux les plus dangereux pour votre santé.
Selon une étude menée par des équipes de l’Inserm et de Sorbonne Université à Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique avec l’Institut espagnol CSIC-IFISC, vous devriez plutôt vous méfier des restaurants et des cafés.
Contamination dans les aéroports : attention aux restaurants et bars
Les aéroports et les gares sont des installations très fréquentées, y maintenir la distanciation sociale se révèle particulièrement difficile. Les chercheurs français et espagnols ont ainsi voulu identifier les lieux où le risque de transmission de maladies est le plus grand au sein de ces espaces à forte densité de population.
Ils ont pour cela mis au point un modèle mathématique qu’ils ont testé avec la plate-forme la plus fréquentée d’Europe : l’aéroport de Heathrow. L’équipe a analysé les données anonymisées des déplacements de plus de 200.000 personnes au sein de l’installation, effectués entre février et août 2017. "À partir de ces données, les chercheurs ont pu visualiser les trajets des individus avec une résolution spatiale de 10 mètres, reconstruire les réseaux de contacts entre ces différentes personnes et ainsi détecter les endroits où les contacts étaient les plus intenses, avec un risque plus grand de contamination", précise l’INSERM dans un communiqué.
Les scientifiques ont ensuite ajouté dans leur outil de modélisation les informations connues sur la propagation de maladies telles que la grippe H1N1 ou la Covid-19. Ils ont découvert que le plus grand nombre d’infections se produit dans les zones communes comme les bars ou les restaurants. La raison : ce sont les lieux où les passagers et les employés se trouvent au même endroit pendant de longues périodes.
"Le danger de ces zones de contagion résulte de l’équilibre entre le nombre de personnes qui y passent et la durée de leur séjour. Ces lieux ne sont pas toujours les plus fréquentés au sein de l’aéroport, mais ils impliquent des contacts plus soutenus sur des durées plus longues entre les individus, permettant de transmettre les maladies", souligne Mattia Mazzoli, chercheur Inserm et premier auteur de l’étude présenté dans Nature Communications.
Aéroport, gare : des mesures pour réduire les contaminations
Les travaux des chercheurs ont également montré que les zones les plus à risque de contamination, correspondent à 2 % de la surface accessible de Heathrow. Si des mesures de limitation des transmissions sont mises en place, les risques baissent de 50 % d’avoir un cas secondaire de H1N1, à la suite d'un premier cas importé dans l’aéroport. Cette réduction est de 40 % pour la Covid-19.
"Si le modèle n’a été testé qu’avec la grippe H1N1 ou la Covid-19, il pourrait néanmoins être utilisé dans le futur pour étudier tout nouvel agent pathogène non encore caractérisé. En outre, la méthode est immédiatement généralisable à d’autres modes de transport tels que les trains, les métros, les gares routières ou d’autres lieux bondés où les distances interpersonnelles ne sont pas possibles, tels que les centres commerciaux ou les centres de congrès", précise le communiqué.
Mattia Mazzoli ajoute "la mise en œuvre de mesures d’immunisation spatiale permet de réduire le nombre d’infections chez les usagers de l’aéroport et, dans une moindre mesure, chez les travailleurs de l’aéroport. Bien ciblées et mises en place dans les lieux identifiés comme les plus à risque, ces mesures permettraient de contenir et/ou de retarder la propagation d’agents infectieux dans le reste du monde via les aéroports et autres centres d’affluence".