- Une infirmière a finalement obtenu, après deux ans de procédure, la reconnaissance de son cancer du sein comme maladie professionnelle.
- C'est une première en France, a indiqué la CFDT et cela pourrait permettre à d'autres victimes d'être reconnues.
- Le lien entre travail de nuit et cancer du sein est démontré par des études.
C’est une première et le résultat d’une bataille administrative qui aura duré près de deux ans : une infirmière qui avait travaillé 873 nuits pendant 28 ans a vu le lien entre son cancer du sein et son travail de nuit reconnu par la justice en janvier dernier, a indiqué la CFDT dans une conférence de presse, ce lundi.
Un cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle
"Son travail posté d’infirmière a pu contribuer à l’émergence du cancer du sein", précise le compte-rendu de l’expertise médicale, sans toutefois "lui en attribuer la responsabilité complète".
Aujourd'hui à la retraite, elle avait travaillé dans les services de cardiologie et de gynécologie du Centre Hospitalier de Sarreguemines, en Moselle, de 1981 à 2009. C’est cette année-là, qu’elle a été prise en charge pour son cancer du sein, le cancer le plus fréquent en France et qui représente la première cause de décès par cancer chez la femme, d’après Santé Publique France.
"Pour nous, c’est une grande victoire", explique Josiane Clavelin, ancienne aide-soignante à l’hôpital de Freyming Merlebach dans le même département, et membre de la CFDT. "Pendant toutes ces années, elle n’était pas bien. Maintenant, elle est vraiment contente qu’enfin son employeur reconnaisse sa maladie professionnelle", a-t-elle déclaré. Cela lui permet aussi de toucher une indemnisation.
Cette reconnaissance en appelle d’autres et pourrait faire office de jurisprudence : près d’une vingtaine de déclarations de maladies professionnelles sont en train d’être constituées après que la CFDT a lancé en 2018 une enquête-action sur la reconnaissance du cancer du sein en maladie professionnelle.
Travailler de nuit augmente fortement les risques de cancer du sein, d'après des études
Cette décision rare intervient alors que des études publiées depuis quinze ans établissent bien que le travail de nuit est un facteur de risque de cancer de sein. Il vient notamment diminuer la sécrétion de mélatonine, un anti-cancérogène.
"L'exposition professionnelle au travail de nuit, fixe ou posté, entraînant des perturbations de l'horloge biologique et des rythmes circadiens, a été associée dans plusieurs études à un risque accru de cancer du sein chez les femme", indique l’Institut National de la santé et de la recherche médicale (INRS). Travailler de nuit augmenterait de 40 % le risque d’avoir un cancer du sein, selon une étude menée sur 2.500 femmes par le même institut.
Mais ce n’est pas tout : la perturbation des rythmes biologiques, causée par des horaires décalés, peut engendrer d'autres effets néfastes comme des troubles du sommeil mais également des troubles métaboliques (obésité, diabète, hypertension artérielle) et des maladies coronariennes (crise cardiaque et ischémie coronaire). En outre, "Le travail posté et/ou de nuit augmenterait le risque d’avortement spontané, d’accouchement prématuré et de retard de croissance intra utérin", précise l’INRS.