- La Vibrio vulnificus est surnommée bactérie mangeuse de chair car, en cas d'infection, elle peut endommager gravement la chair de la personne : de nombreuses personnes survivantes ont eu des membres amputés.
- Cette bactérie, potentiellement mortelle, peut infecter une coupure ou une piqûre d'insecte lors d'un contact avec l'eau de mer.
- Le nombre de cas annuel aux États-Unis pourrait doubler d'ici 2041-2060 et atteindre des zones plus au nord, selon cette nouvelle étude.
Une nouvelle étude menée par l'université britannique d'East Anglia (UEA), publiée le 23 mars dans la revue Scientific Reports, montre que le nombre d'infections à Vibrio vulnificus le long de la côte est des États-Unis, une zone où beaucoup de ces infections sont recensées chaque année, est passé de 10 à 80 par an sur une période de 30 ans. De plus, chaque année, des cas surviennent plus au nord.
Une chance sur cinq de mourir en cas d'infection à la Vibrio vulnificus
La bactérie Vibrio vulnificus, qui appartient à la même famille que celle du choléra, se retrouve un peu partout dans le monde, notamment au niveau des eaux côtières chaudes peu profondes. Elle peut infecter une coupure ou une piqûre d'insecte lors d'un contact avec l'eau de mer. Une personne infectée par Vibrio vulnificus a une chance sur cinq de mourir. C'est aussi l'un des agents pathogènes marins les plus coûteux à traiter.
Les cas d’infection sont davantage recensés en été car c’est une période avec davantage de baignades et où la bactérie se propage plus rapidement. Elle peut endommager gravement la chair de l'individu infecté, c’est pourquoi on l'appelle communément la maladie "mangeuse de chair". En effet, de nombreuses personnes qui y ont survécu ont dû avoir des membres amputés.
Maladie "mangeuse de chair" : le nombre de cas annuel pourrait doubler
Les chercheurs prédisent que d'ici 2041-2060, les infections pourraient se propager pour englober les principaux centres de population autour de New York. Combiné à une population croissante et de plus en plus âgée, qui est plus susceptible d'être infectée, le nombre de cas annuels pourrait doubler.
“Les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'activité humaine modifient notre climat et les impacts peuvent être particulièrement aigus sur les côtes du monde, qui constituent une frontière majeure entre les écosystèmes naturels et les populations humaines et sont une source importante de maladies, a déclaré l'autrice principale de l'étude, Elizabeth Archer, chercheuse à l'École des sciences de l'environnement de l'UEA, dans un communiqué. Nous montrons que d'ici la fin du 21e siècle, les infections à V. vulnificus s'étendront plus au nord, mais la distance au nord dépendra du degré de réchauffement supplémentaire et donc de nos futures émissions de gaz à effet de serre.”
Quelles solutions pour prévenir les infections dans la population ?
L'étude est la première à cartographier comment les emplacements des cas de Vibrio vulnificus ont changé le long de la côte est des États-Unis et comment le changement climatique peut influencer la propagation des cas à l'avenir. Les données sur les endroits où les personnes ont été infectés par la Vibrio vulnificus ont été obtenues auprès des Centers for Disease Control and Prevention (CDC), la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique. Cela a permis à l'équipe de cartographier comment les cas de Vibrio vulnificus se sont étendus vers le nord sur 30 ans, de 1988 à 2018.
L'équipe de recherche suggère que la population et les autorités sanitaires pourraient être averties en temps réel des conditions environnementales particulièrement à risque grâce à des systèmes d'alerte et une signalisation côtière spécifiquement destinés à cette bactérie, afin de limiter les infections. Des mesures de prévention doivent également être prises pour les personnes les plus à risque (personnes âgés, immunodéprimées, etc).