- Le risque de développer de l'arthrose était entre 42 % et 58 % plus élevé chez les personnes atteintes d'asthme ou d'eczéma, selon les résultats issus des deux bases de données étudiées.
- Les patients souffrant de ces deux maladies étaient, quant à eux, deux fois plus susceptibles de développer de l'arthrose que celles sans maladie atopique, ou avaient un risque plus élevé de 19 % selon la seconde base de données.
- Les chercheurs suggèrent que les médicaments utilisés pour atténuer les réactions allergiques dans le corps pourraient potentiellement aider à traiter ou prévenir l'arthrose, au vu des résultats de cette étude.
Les personnes qui souffrent de maladies atopiques (allergiques) comme l'asthme ou l'eczéma peuvent être exposées à un risque accru d'arthrose, une affection articulaire douloureuse et souvent invalidante, d’après une récente recherche publiée en ligne dans les Annals of the Rheumatic Diseases du British Medical Journal. Les médicaments utilisés pour atténuer les réactions allergiques dans le corps pourraient aider à réduire ce risque, suggèrent les chercheurs.
Certains globules blancs jouent un rôle clé dans le développement de l'arthrose
L'arthrose est la forme d'arthrite la plus courante mais il n'existe pas encore de remède efficace. Le traitement se concentre principalement sur la gestion des symptômes. Plusieurs travaux suggèrent que l'activation d'un type de globules blancs appelés mastocytes et de substances chimiques inflammatoires (cytokines) impliquées dans les réactions allergiques pourrait jouer un rôle clé dans le développement de l'arthrose. Mais il n'est pas clair que les personnes souffrant d'asthme allergique ou d'eczéma courent un risque plus important de développer cette maladie.
Pour le savoir, les chercheurs se sont appuyés sur une base de données d'assurance nationale américaine (Optum CDM) entre janvier 2003 et juin 2019. Les données issues de 109.899 personnes atteintes de maladie atopiques (asthme, eczéma) ont été comparées au même nombre de personnes sans asthme allergique ni eczéma. L’âge moyen était de 52 ans pour le premier groupe et de 50 pour le second.
Un risque entre 42 et 58 % plus élevé quand on souffre d'asthme ou d'eczéma
Le risque de développer de l'arthrose, sur la période de suivi de l'étude d'une durée de 8 ans, était 58 % plus élevé chez les personnes souffrant d'asthme allergique ou d'eczéma par rapport aux personnes sans maladie atopique. En d'autres termes, il y aurait 27 nouveaux cas contre 19 nouveaux cas si 100 personnes avec et sans maladies atopiques étaient suivies pendant 10 ans chacune.
Cette tendance était encore plus perceptible parmi les 4.325 personnes souffrant à la fois d'asthme allergique et d'eczéma : elles étaient deux fois plus susceptibles de développer de l'arthrose que celles sans maladie atopique. De même, les 11.820 personnes atteintes d'asthme allergique seul étaient 83 % plus susceptibles de développer de l'arthrose sur 8 ans que celles atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), une maladie pulmonaire qui n'implique pas de voies allergiques.
Arthrose : les résultats pourraient amener à adapter les traitements
Les chercheurs ont ensuite comparé le risque d'arthrose chez les personnes avec et sans asthme/eczéma allergique à partir des dossiers de santé numériques du Stanford Research Repository (STARR) pour la période 2010 à 2020 (114.427 patients, dont 43.728 souffrant d'asthme allergique ou d'eczéma et 70.699 sans antécédent de maladie atopique) pour voir s'ils obtenaient des résultats similaires.
Après ajustement en fonction de l'IMC, le risque de développer de l'arthrose était 42 % plus élevé chez les personnes souffrant d'asthme allergique ou d'eczéma, et de 19 % chez celles souffrant des deux. Le fait que les liens observés étaient plus faibles parmi les participants STARR, pour lesquels des informations sur l'IMC étaient disponibles contrairement à la précédente base de données utilisée, suggère que d'autres facteurs peuvent être impliqués, soulignent les chercheurs.
"Nos résultats étayent davantage le concept selon lequel les voies allergiques peuvent contribuer au développement de l'arthrose. Si cela est effectivement vrai, les patients non atopiques peuvent également bénéficier de l'utilisation de traitements qui inhibent les mastocytes et les cytokines allergiques pour traiter ou prévenir l'arthrose”, concluent les auteurs de l'étude.