Afin d'atteindre un public plus jeune, certains industriels de l’alcool font parfois appel aux influenceurs pour "faire oublier qu’un contenu, en apparence anecdotique, est bel et bien une publicité", comme le souligne l'association Addictions France. D’après elle, ce "marketing d’influence est devenu en quelques années un levier incontournable des stratégies de communication des entreprises".
Séduire les jeunes grâce aux influenceurs pour relancer la consommation de vin
Elle revient notamment sur l'exemple du groupe viticole Gérard Bertrand qui a demandé les services d’une influenceuse avec 500.000 abonnés pour donner une image plus glamour à sa cuvée "Côte des Roses". L’association évoque également le géant de la bière Carlsberg qui se lie aux influenceurs sur les pistes de ski "pour intégrer la bière dans ce mode de vie partagé à des milliers d’internautes, dont des mineurs".
Selon Addictions France, ces industriels "ne cachent pas vouloir séduire les jeunes pour relancer la consommation de vin, quitte à miser sur TikTok" et que le groupe Pernod Ricard a révélé "faire appel à des influenceurs avec au moins 70 % de followers majeurs, donc 30 % de mineurs". "Il est inconcevable que l’industrie de l’alcool se base sur la captation d’un public mineur pour développer son chiffre d’affaires, au regard des risques de la consommation à cet âge”, s’indigne Addictions France à franceinfo. L’association précise qu'au moins "68% des adolescents fréquentent les réseaux sociaux" et qu'ils sont "davantage incités à consommer de l’alcool lorsque les influenceurs qu’ils suivent en font la promotion".
Promotion de l'alcool : "La loi doit s'adapter à l'évolution des pratiques"
Bien que la filière vinicole rappelle que les influenceurs se doivent de respecter la loi Evin, ils sont conscients "qu’il est impossible de contrôler toutes les publicités émises par les influenceurs", assure l'association. En l’espace d’un peu plus d’un an, entre octobre 2021 et février 2023, plus de 7.000 contenus ont été recensés par Addictions France et l'association Avenir Santé. Régulièrement, comme l’explique Addictions France, les représentants des filières alcool "omettent de souligner qu'au nom de la protection de la santé des mineurs, la diffusion des publicités alcool sur des médias prisés des jeunes, tels que le cinéma et la télévision, a tout bonnement été interdite par la loi Evin".
Addictions France appelle les députés à se saisir de cet enjeu de santé publique et à interdire la promotion de l’alcool par des influenceurs. "La loi doit s’adapter à l’évolution des pratiques”, avertit l’association, alors que la loi sur les influenceurs est en cours de débat à l’Assemblée nationale. Deux amendements ont été déposés pour interdire la promotion d’alcool par les influenceurs. S’ils n'ont pas été ajoutés directement dans le texte de loi, c'est parce que les industriels de l'alcool auraient menacé de faire détricoter le texte par le Conseil constitutionnel, précise à Franceinfo l’un des rapporteurs de la proposition de loi. Cependant, le texte précise bel et bien que la loi Evin concerne aussi les influenceurs.