- Depuis trois ans, les chirurgiens esthétiques observent une recrudescence des injections illégales d'acide hyaluronique.
- Celles-ci peuvent engendrer de graves complications, parfois irréversibles.
- 200 chirurgiens esthétiques appellent à une interdiction de la vente libre d'acide hyaluronique.
Des injections illégales, aux conséquences désastreuses. Dans une tribune publiée dans Le Parisien, 200 chirurgiens esthétiques demandent d’interdire la vente libre d’acide hyaluronique, un produit utilisé en injection, notamment pour gonfler les lèvres. "Depuis trois ans, nous constatons la croissance alarmante d’injections illégales au travers de complications, parfois gravissimes, que nous prenons en charge dans nos carnets de chirurgie plastique et aux urgences des services hospitaliers", expliquent ces professionnels de santé, membres du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE).
Acide hyaluronique : quelles sont les complications liées aux injections illégales ?
D’après eux, une centaine de personnes, non-médecins, pratiquent actuellement ces injections. Or, celles-ci nécessitent des compétences spécifiques. "Les injections de produits de comblement et d’acide hyaluronique sont des gestes médicaux et doivent être réalisées par des chirurgiens esthétiques ou par des médecins formés, rappelait le Dr Adel Louafi dans un communiqué publié début janvier par le SNCPRE. Dans un visage, se trouvent des vaisseaux, des nerfs, des artères, en communication avec des artères de l’œil et du cerveau. Il faut connaître l’anatomie précise et détaillée de la face et donc il faut être médecin, et un médecin formé." Ce type d’acte nécessite aussi de connaître les mesures d’hygiène et la conduite à tenir en cas de problème. "Ces injections illégales sont pourvoyeuses de complications souvent irréversibles, estime le SNCPRE dans sa tribune. Dans certains cas, elles ont pu conduire à des septicémies, des gangrènes et des hospitalisations en réanimation, engageant le pronostic vital de jeunes patients." Pour certaines femmes, les injections laissent des traces indélébiles sur le visage, ce qui peut les "briser psychologiquement".
Injections illégales d’acide hyaluronique : quelles sont les revendications des 200 chirurgiens esthétiques ?
Aujourd’hui, les personnes qui pratiquent des injections illégales peuvent acheter les produits en ligne ou directement dans des pharmacies. Les membres du SNCPRE constatent aussi que certaines jeunes filles, mineures, réalisent des auto-injections, avec des tutoriels accessibles sur Internet.
Dans leur tribune, les chirurgiens esthétiques demandent à ce que la vente d’acide hyaluronique et des autres produits de comblement injectables soit "contrôlée" et que "leur délivrance ne soit faite qu’aux médecins habilités à la pratique de ces actes". Pour limiter le risque d’auto-utilisation ou d’utilisation frauduleuse, ils ajoutent que ces produits ne doivent plus être délivrés directement au patient. Dans le communiqué du SNCPRE, paru début janvier, Maître Laetitia Fayon, avocat à la cour, rappelle que "le fait de pratiquer une injection sans posséder de diplôme en médecine constitue un exercice illégal de la médecine". Cette infraction au code pénal est punie de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende.