Attention à la réglisse ! Cette plante est utilisée pour aromatiser les bonbons, certaines boissons et en complément alimentaire. Dans un rapport publié le 30 mars, l’Agence nationale de sécurité sanitaire alerte sur les risques d’intoxication. "La consommation régulière et en grande quantité d’aliments en contenant peut conduire à une intoxication grave allant jusqu’à menacer le pronostic vital, y compris chez les personnes en bonne santé", prévient l’agence.
Intoxication à la réglisse : une racine très répandue dans l’alimentation
La réglisse provient d’une plante, du même nom. "L’extrait de réglisse est obtenu à partir des racines de la réglisse, qui, séchées, peuvent être mâchées en guise de friandise, précise l’Anses dans son rapport. La glycyrrhizine est le composant le plus abondant de la racine." La réglisse est utilisée car elle a un pouvoir sucrant important, et fait aussi office d’exhausteur de goût, cela signifie qu’elle augmente la perception des saveurs d’un aliment. "Elle est utilisée dans de nombreux produits sucrés (confiseries, chewing-gums, snacks, produits de boulangerie, glaces et sorbets) pour renforcer leur pouvoir sucrant, produits salés (comme adoucissant), produits à base de cacao (comme exhausteur de goût), boissons gazeuses et sirops, boissons alcoolisées à base d’extraits de réglisse (pastis, ouzo, raki, sambuca…), pastis sans alcool, bières ou compléments alimentaires", développe l’agence.
Un décès rapporté chez un adulte "présentant une atteinte grave du foie"
D’après ce rapport, de nombreux effets indésirables sont liés à la consommation de réglisse. En compilant 402 articles scientifiques, les spécialistes de l’Anses ont constaté que 12 % des effets secondaires liés à la consommation de compléments alimentaires végétaux ou de produits à base de plantes étaient liés à la présence de réglisse. "La glycyrrhizine induit un pseudo-hyperaldostéronisme", indique l’Anses. Ce terme désigne une production excessive d’aldostérone, une hormone, qui se manifeste par une perte de potassium dans les urines, ce qui entraîne une rétention de sodium, d’eau et une hausse de la pression artérielle. Ce processus est lié à l’inhibition d’une enzyme spécifique.
"L’étude réalisée sur la période 2012-2021 par l’Agence en lien avec les centres antipoison, révèle que 64 personnes ont été intoxiquées à la suite de la consommation de boissons ou d’aliments à base de réglisse, explique l’Anses. Dans 42 % des cas, elles ont présenté des symptômes graves : hypertension artérielle, troubles cardiaques provoqués par un taux de potassium trop élevé dans le sang…, allant parfois jusqu’à engager leur pronostic vital. Un décès a été rapporté chez une personne présentant par ailleurs une atteinte grave du foie." Ces effets indésirables peuvent survenir chez des personnes en bonne santé par ailleurs, et peuvent être aggravés par certains médicaments, comme les diurétiques. Selon l’Anses, l’inhibition de l’enzyme persiste deux semaines après l’arrêt de la consommation mais "le retour à un état physiologique normal de l’organisme nécessite deux à six mois".
Intoxication à la réglisse : comment limiter le risque d’effets indésirables graves ?
L’agence de sécurité sanitaire reconnaît qu’il peut être difficile de déterminer si une consommation est excessive, dans la mesure où la quantité maximale journalière recommandée est rarement mentionnée. "En l’état actuel des connaissances, l’Agence recommande une consommation ne dépassant pas 10 milligrammes par jour de glycyrrhizine, en veillant à ne pas multiplier les sources d’apports par les aliments, les médicaments ou les produits issus du tabac, conseillent ces spécialistes. Enfin, il est conseillé d’éviter de consommer de façon continue des produits contenant de la réglisse."