Un an après l’apparition d’une nouvelle forme d’hépatite aiguë chez les enfants, les scientifiques commencent à y voir plus clair. Selon une nouvelle étude, de l'UC San Francisco, parue dans la revue Nature, elle pourrait être la conséquence de co-infections et d’une immunité plus faible à cause des années de pandémie.
Hépatite aiguë infantile : des enfants touchés partout dans le monde
D’après les auteurs de cette recherche, environ 1.000 cas ont été recensés : "50 de ces enfants ont eu besoin d'une greffe de foie et au moins 22 sont décédés", précisent-ils. 34 pays différents ont été concernés, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Espagne ou encore l’Irlande. D’après l’Organisation mondiale de la santé, la maladie se manifeste par ces principaux symptômes : un ictère, soit un jaunissement de la peau et du blanc des yeux, des selles pâles et des vomissements, de la diarrhée ou des douleurs abdominales. "La majorité des jeunes enfants ne manifeste aucun symptôme notable, mais quelques-uns développent un ictère, précise l’OMS. L’hépatite aiguë peut passer rapidement, sans que des soins ou un traitement spéciaux ne soient nécessaires, mais il arrive aussi qu’elle entraîne une insuffisance hépatique aiguë voire le décès."
Hépatite aiguë infantile : quelles sont les nouvelles connaissances sur la maladie ?
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont lié la maladie à des "co-infections par plusieurs virus communs, en particulier une souche de virus adéno-associé de type 2 (AAV2)". "Les AAV ne sont pas connus pour causer l'hépatite par eux-mêmes, développent-ils. Ils ont besoin de virus 'auxiliaires', tels que les adénovirus qui causent le rhume et la grippe, pour se répliquer dans le foie." Chez certains enfants, ce serait donc la combinaison des deux infections par ces virus qui aurait facilité l’apparition de cette hépatite sévère. Dans des essais menés sur 16 cas, les scientifiques ont détecté le virus AAV2 dans 93 % des échantillons. D’après les auteurs, ces résultats corroborent ceux de deux autres études réalisées au Royaume-Uni. Si les infections par les virus adéno-associés peuvent survenir à tout âge, le pic se situe généralement entre 1 et 5 ans, soulèvent les auteurs.
Hépatite aiguë infantile : quel a été l’impact de la pandémie ?
Mais la pandémie de Covid-19 aurait aussi eu un impact. "Nous avons été surpris par le fait que les infections que nous avons détectées chez ces enfants n'étaient pas causées par un virus émergent inhabituel, mais par des agents pathogènes viraux courants chez l'enfant, explique Charles Chiu, auteur principal de cette étude. C'est ce qui nous a amenés à supposer que l'épidémie était probablement liée aux situations vraiment inhabituelles que nous traversions avec les fermetures d'écoles et de garderies à cause de la Covid-19 et les restrictions sociales." Après les confinements et l’école à distance, le retour à l’école s’est accompagné d’une plus grande sensibilité aux infections pour les enfants.
Comment protéger les enfants de l’hépatite aiguë ?
Les auteurs de ces travaux rappellent que les cas ont diminué. Pour autant, Charles Chiu donne deux conseils pour protéger les plus jeunes : "se laver fréquemment les mains" et "laisser les enfants à la maison lorsqu'ils sont malades". L’OMS ajoute que les mesures de protection contre la Covid-19 sont aussi valables dans le cas de cette pathologie : éviter les lieux bondés, garder une distance suffisante avec les autres, ventiler les espaces intérieurs, porter un masque si nécessaire et se couvrir la bouche et le nez lorsqu’on tousse ou qu’on éternue.