Votre cycle circadien n’impacte pas uniquement votre sommeil, il semble aussi jouer un rôle dans le développement et le traitement des cancers. Voici ce que révèle un article de synthèse paru dans la revue Trends in Cell Biology le 24 mars 2023.
Le rythme circadien influence le cancer et ses métastases
Le cycle circadien aide notre corps à synchroniser différentes fonctions au cours des 24 heures d’une journée : le sommeil évidemment, mais également l'expression des gènes, la fonction immunitaire et la réparation cellulaire. Si ce dernier est perturbé, les risques de plusieurs maladies augmentent, dont ceux du cancer.
Après une revue de 110 études sur le sujet, les chercheurs de l'ETH Zurich indiquent que "le rythme circadien régit la plupart des fonctions cellulaires impliquées dans la progression du cancer", et joue ainsi un rôle dans l’apparition de métastases.
La vitesse à laquelle les cellules cancéreuses se détachent de la tumeur primaire et pénètrent dans la circulation sanguine pour former des métastases dans d’autres parties du corps, varie tout au long de la journée en fonction du cycle circadien. Le rythme diffère selon les tumeurs : la libération est plus importante la nuit pour le cancer du sein. Pour le cancer de la prostate ou le myélome, elle intervient à d’autres moments du jour.
Face à ces éléments, les scientifiques assurent qu’il serait intéressant de s’appuyer sur le cycle circadien pour traiter les patients. Cette méthode, qui consiste à administrer des médicaments à des moments précis de la journée pour maximiser leur efficacité, s’appelle la chronothérapie.
Cancer : le cycle circadien peut aider à le prendre en charge
"La formation de métastases basées sur le rythme circadien doit être considérée comme une opportunité d'intervenir de la manière la plus rapide et la plus efficace", écrivent les oncologues moléculaires Zoi Diamantopoulou, Ana Gvozdenovic et Nicola Aceto de l'ETH Zurich. "La chronothérapie promet d'être une option de traitement alternative précieuse dans la lutte contre le cancer".
Les scientifiques notent entre autres que cette méthode semble réduire la gravité des effets secondaires ressentis par les patients. Dans une étude récente passée en revue, les malades atteints de mélanome qui avaient leur chimiothérapie avant 16h30, avaient près de deux fois plus de chances de survivre par rapport à ceux l’ayant eu plus tard dans la journée. Toutefois, le moment optimal varie selon les types de tumeur et les soins.
L’équipe ajoute qu’une meilleure connaissance des interactions entre le cycle circadien et les tumeurs pourraient aussi faciliter les diagnostics. En effet, les cellules cancéreuses produisent des protéines dont certaines sont des marqueurs de diagnostic - à des rythmes différents tout au long de la journée. Identifier ceux-ci pourraient aider à rendre les dépistages plus efficaces et réduire les erreurs de diagnostic.