• CONTACT

QUESTION D'ACTU

Épidémie

Des médecins en colère face à la réintégration des soignants non vaccinés contre la Covid-19

Plusieurs médecins expriment leur désaccord avec la recommandation de la Haute Autorité de Santé (HAS) de lever l’obligation de vaccination des soignants contre la Covid-19. 

Des médecins en colère face à la réintégration des soignants non vaccinés contre la Covid-19 Manjurul/iStock




L'ESSENTIEL
  • Plusieurs soignants sont en colère contre l’avis de la HAS de lever l’obligation vaccinale des soignants contre la Covid-19.
  • Celle-ci est en vigueur depuis le 15 septembre 2021.
  • La HAS recommande aussi de lever l’obligation vaccinale des soignants pour le vaccin DTP, contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

C’est un changement de stratégie qui énerve certains médecins : depuis ce jeudi 30 avril, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié un avis dans lequel elle recommande de lever l’obligation de vaccination des soignants contre la Covid-19. François Braun, le ministre de la Santé, a indiqué qu’il suivrait cette recommandation.

A la suite de cette annonce, plusieurs voix se sont élevées chez les professionnels de santé vaccinés. “On est profondément écœurés, et c'est un sentiment collectif!", explique Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l'Union française pour une médecine libre.

Perte de crédibilité sans obligation vaccinale contre le Sars-CoV-2

Depuis le 15 septembre 2021, les professionnels de santé - ceux travaillant dans les hôpitaux ou dans les maisons de retraite, mais aussi les ambulanciers, les aides à domicile ou encore les pompiers - devaient attester d’un schéma vaccinal complet pour exercer. Sans celui-ci, ils étaient suspendus sans rémunération. Mais ce nouvel avis de la HAS ouvre donc la voie à leur réintégration.

"J'ai souvent des patients qui me demandent si je suis vacciné, explique Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches. En leur répondant 'oui', je peux leur dire que le vaccin n'est pas dangereux, qu'il permet de réduire de 50 % le risque d'infection. Avec cette levée, il y a un risque de crédibilité du médecin, qui n'est plus sur son piédestal d'exemplarité." Pour lui, cette décision permet d’"ôter une épine du pied" au gouvernement car elle serait plus facile que de "mettre en place une nouvelle campagne de rappel obligatoire".

Les médecins en désaccord avec l’avis de la HAS le comprennent d’autant moins qu’il est pris au moment où l’épidémie repart à la hausse. En effet, selon le point épidémiologique du 13 au 19 mars de Santé Publique France, les taux d'incidence et de positivité - bien qu’encore faibles - augmentent pour la deuxième semaine consécutive. "On a un virus qui continue de circuler, s’insurge Jérôme Marty. Et qui nous dit qu'un nouveau variant dangereux ne va faire son apparition ? C'est un raisonnement politique."

Des médecins en désaccord avec l’avis de la HAS

Un avis partagé par Benjamin Davodo qui juge le message envoyé par la HAS et le gouvernement "casse-gueule” car “le virus risque de circuler plus vite, plus fort. On risque de lui donner du sang frais avec de jeunes soignants. Et cela s'accompagne également d'un relâchement des gestes barrières à l'hôpital". 

Pourtant, dans son avis, la HAS justifie sa décision : "Cette préconisation de lever l'obligation de vaccination contre la Covid-19 ne constitue en rien une remise en question de ses précédents avis et recommandations rendus dans des contextes sanitaires et épidémiques différents.

Sur RMC, Mathias Wargon, le chef des urgences du centre hospitalier Delafontaine, s’est également indigné de cette décision : “On a porté la campagne de vaccination, on s'est pris des seaux de matière fécale – pour être poli - sur la tête, sans grand soutien du gouvernement, [...] et d'un seul coup on nous dit même pas merci et finalement on va les réintégrer, [...] on lâche, quoi.

Chez les soignants non-vaccinés, l’annonce est évidemment bien accueillie. “Reprendre mon métier aujourd'hui, ça serait une grande victoire, explique une secrétaire médicale de l'hôpital de Gonesse dans le Val d'Oise au micro de RTL. Et on n'aurait pas dû arriver jusque-là !” 

Certaines organisations syndicales soutiennent la décision de la HAS. C’est le cas de l'Union santé CGT de la Nièvre. “Il y a encore des salariés exclus faute de vaccination, indique Laurent Laboureau, son secrétaire général, dans le Journal du Centre. Ça fait bien longtemps qu'on demande la réintégration de ces personnes. D'autant que les barrières imposées sont levées partout (le port du masque, la distanciation, etc.). Et on a autorisé des soignants vaccinés, touchés par le Covid, mais asymptomatiques, à revenir travailler dans leur service. Donc, on ne peut pas avoir deux poids, deux mesures.

Dans son avis, la HAS recommande aussi de lever l’obligation vaccinale des soignants pour le vaccin DTP, qui concerne la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Un message très dangereux pour certains professionnels de santé car il pourrait encourager la dynamique “antivax” déjà très forte en France. "Cela va créer des tensions dans les services, et surtout, ceux qui ont perdu leur poste, ce sont les plus extrêmes!, insiste Jérôme Marty. Ils vont faire du prosélytisme antivax ! Vous avez envie, vous, que ce soient des gens qui pensent que le vaccin sert à contrôler les gens grâce à la 5G qui soignent vos grands-parents."

Selon Santé Publique France, 19,4 % de la population n’est pas vaccinée en France.

Vous aimez cet article ? Abonnez-vous à la newsletter !

EN DIRECT

LES MALADIES

J'AI MAL

Bras et mains Bras et mains Tête et cou Torse et haut du dos Jambes et pied

SYMPTÔMES