Entre le fracas des Philippines et les représentations épouvantables du racisme ordinaire, c’est une image, tout aussi violente, que publie L’Express sur le blog « The Autist » de Magali Pignard. On y devine une jeune femme attachée par les pieds sur son lit, la main droite tendue vers un espoir hypothétique. Elle s’appelle Sarah, elle est autiste. C’est sa maman qui a pris cette photo de sa fille « attachée sur son lit par le personnel de l’hôpital psychiatrique qui n’avait pas envie de s’occuper d’elle », raconte Magali Pignard, elle aussi parent d’autiste.
L’histoire de Sarah est terriblement banale. Hospitalisée dans une unité spécialisée pour les autistes profonds, cette handicapée ne bénéficie pas d’une prise en charge adaptée et « des méthodes d’apprentissage qui auraient pu sûrement changer son quotidien ». Alors, pour la calmer, les anxiolytiques remplacent des éducateurs absents.
« Cela pourrait être n’importe quel enfant, le vôtre, celui d’une personne de votre famille, celui de voisin », nous rappelle Magali Pignard.
« Placée là faute de place ailleurs », c’est pour combattre ces injustices quotidiennes qu’un collectif de parents a décidé d’occuper, hier, des Agences régionales de santé, « là où se décident les financements des places et structures éducatives, médicales et médico-sociales ». Ils ne portaient pas de bonnets rouges, n’ont rien cassé, mais leur manifeste était porteur d'une grande colère. « Nous sommes aujourd’hui des centaines d’invisibles qui ne demandent qu’une chose : appartenir à la société. Vivre et trouver une place ».
Mais hier, l'actualité a étouffé leur message.