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Réaction au stress de l'organisme

La dépression accélère le vieillissement des cellules

Par Audrey Vaugrente

La dépression n’affecte pas que l’esprit mais aussi le corps. Une récente étude démontre que cette maladie accélère le vieillissement biologique.

GILE MICHEL/SIPA

L'expression « se faire des cheveux blancs » prend tout son sens d'après une nouvelle étude, parue ce 12 novembre dans la revue Molecular Psychiatry. Elle démontre qu'être dépressif accélère le vieillissement des cellules, affirment les chercheurs.


Les télomères, un bon indicateur du vieillissement

Josine Verhoeven, du VU University Medical Centre d'Amsterdam (Pays-Bas), a recruté 2 407 volontaires pour prendre part à cette étude. Parmi eux, un tiers était dépressif au moment de l’étude, un tiers par le passé et un tiers n’a jamais été victime de cette maladie. L’ensemble des participants a fourni un échantillon sanguin. L’équipe néerlandaise a recherché en laboratoire des signes de vieillissement cellulaire. Ils ont notamment analysé la structure des cellules, et plus précisément les télomères.

 

Les télomères se situent à l’extrémité des chromosomes qui accueillent notre ADN. Leur rôle est de bloquer la disparition du code génétique lorsqu’elle n’est pas déclenchée par le corps. A mesure que les cellules se divisent, et donc vieillissent, les télomères se raccourcissent. Mesurer leur longueur est donc un bon indicateur de vieillissement cellulaire.

Les chercheurs sont parvenus à lier la dépression à la longueur des télomères. Les personnes qui ont souffert de dépression ont des télomères plus courts que les autres. Et plus la dépression est longue et sévère, plus le corps en pâtit, indique l’étude. En effet, les patients dépressifs chroniques avaient tous des télomères bien plus courts que ceux souffrant d’une dépression ponctuelle.


Le poids en années de la dépression

La dépression est souvent associée à des maladies physiques comme le cancer, le diabète… Récemment, des chercheurs français ont démontré qu'il n'y avait aucun lien entre un épisode dépressif et la survenue ultérieure de cancers. En revanche, des études précédentes ont déjà démontré qu’une dépression majeure accroît les risques de développer une maladie liée au vieillissement (diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires). Plusieurs raisons sont évoquées par les professionnels. Celle d’une mauvaise qualité de vie est la piste privilégiée. Cette étude ajoute une pierre à l’édifice en démontrant que le prix de la dépression se paie aussi au niveau cellulaire. Elle « fournit des preuves convaincantes que la dépression est associée à plusieurs années en plus sur le plan biologique, » selon le rapport.

 

Les chercheurs supposent cette fois que la réduction des télomères est une réponse physique à la détresse émotionnelle de la dépression. Elle pourrait aussi expliquer une fréquence plus élevée des maladies liées au vieillissement chez les personnes dépressives. Pour l’heure, l’équipe fait preuve de prudence. Elle ne précise pas si ce processus est potentiellement dangereux ou s’il peut être inversé.