La résistance aux antibiotiques se caractérise par l’inefficacité d’un traitement antibiotique sur une infection bactérienne ciblée. Selon l’Inserm, près de 700.000 personnes meurent chaque année dans le monde en raison d’infections dues à des bactéries résistantes.
Le développement d’un antibiotique capable de lutter contre l’antibiorésistance
"L'administration répétée d'antibiotiques chez l'Homme ou l'animal est responsable de l’augmentation des résistances bactériennes aux antibiotiques : la présence d’antibiotique dans l’organisme favorise la sélection des bactéries qui sont résistantes, soit naturellement, soit par mutation ou soit par des échanges de matériel génétique (plasmide) avec d’autres bactéries. Les antibiotiques absorbés vont éliminer les bactéries sensibles pour laisser place aux bactéries résistantes (…) Elles rendent les traitements antibiotiques ultérieurs moins efficaces pour le patient et pour la collectivité", explique Santé publique France.
Pour faire face à l’antibiorésistance, le Professeur John E. Moses, du Cold Spring Harbor Laboratory (États-Unis), a développé un antibiotique capable de changer de forme en réarrangeant ses atomes. Son étude a été publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.
Résistance aux antibiotiques : une molécule pour protéger des infections mortelles
Lors de ses recherches, le professeur John E. Moses a étudié une molécule, appelée bullvalène, dont les atomes peuvent évoluer et changer de forme. Le scientifique a également constaté que plusieurs bactéries comme le SARM, le SARV et l’ERV, ont développé une résistance à la vancomycine, un puissant antibiotique prescrit pour traiter la méningite. Pour améliorer l’efficacité de ce médicament, le professeur a donc décidé de le combiner avec le bullvalène.
Pour ce faire, il a eu recours à la chimie click, une technique qui "clique" les molécules ensemble de manière fiable. Avec son équipe, le Pr John E. Moses a créé un nouvel antibiotique métamorphe composé de deux "ogives" de vancomycine et de bullvalène fluctuant.
Au cours des tests, les chercheurs ont administré le médicament à des larves de fausse teigne infectées par la bactérie ERV. D’après leurs résultats, l’antibiotique métamorphe a été plus efficace que la vancomycine pour éliminer l'infection mortelle. De plus, les bactéries n’ont pas développé de résistance au nouvel antibiotique. "Si nous pouvons inventer des molécules qui font la différence entre la vie et la mort, ce serait la plus grande réussite de tous les temps", a conclut le Professeur John E. Moses.