La pré-éclampsie sévère est en augmentation aux USA. Des médecins de l’université de Columbia à New York ont analysé les données de 120 millions de femmes américaines enceintes entre 1980 et 2010. Ils ont constaté que le taux de pré-éclampsie est passé de 3,4 % en 1980 à 3,8 en 2010. Mais les auteurs de cette étude parue dans le BMJ ont constaté que cette hausse est dû à une forte augmentation du taux de pré-éclampsie sévère qui est est passé de 0,3 % à 1,4 %, soit une augmentation relative de 322 %, selon les auteurs. « Les femmes nées au milieu des années 1970 ont été exposés à un risque accru de pré-éclampsie légère, alors que les femmes nées dans les périodes plus récentes ont montré un risque accru de pré-éclampsie sévère », précise le Pr Cande V. Ananth, gynécologue obstétricien et co-auteurde l’étude.
La pré-éclampsie est une pathologie de la grossesse caractérisée par une élévation de la pression artérielle (HTA) se produisant au plus tôt au milieu du second trimestre (après vingt semaines d’aménorrhée) et qui s’accompagne d’une élévation de la quantité de protéines présente dans les urines. Cette pathologie est définie comme sévère à partir du moment où la pression artérielle dépasse les 160 mm de mercure en systole et les 110 mm de mercure en diastole, ou si l’HTA s’accompagne d’une forte protéinurie. Les conséquences sont nombreuses : flux continu anormal de sang entre la mère et l’enfant, coagulation anormale du sang de la mère, production de molécules inflammatoires chez la mère, ou encore problème de tolérance immunologique au fœtus... Des complications qui peuvent conduire dans certains cas à une interruption de la grossesse.
Quelles sont les raisons de cette hausse de la pré-éclampsie sévère ? L’obésité est la première piste d’explication. Les femmes en surpoids ou obèses sont susceptibles de développer une résistance à l'insuline, qui est impliquée à son tour comme puissant facteur de risque de pré-éclampsie. « On estime que l'embonpoint ou l’obésité entraîne 15 à 17 % des cas de pré-éclampsie », rappellent les auteurs.
« Ainsi, l'augmentation de la prévalence de l'obésité aux Etats-Unis a probablement entraîné une incidence croissante de pré-éclampsie sévère. » Un autre phénomène pourrait aussi avoir contribué à cette hausse d’incidence, c’est l’augmentation des troubles métaboliques, tels le diabète gestationnel qui est aussi en hausse aux USA.
Autre piste d’explication, plus paradoxale cette fois, serait la baisse du tabagisme. « Si le tabagisme est un facteur de risque pour la grossesse et pour le bébé », indiquent les auteurs, « il est associé à un risque moindre pour la pré-éclampsie. Ainsi, la diminution de la prévalence du tabagisme dans la population peut également contribuer à une augmentation de pré-éclampsie ».
En France, près de 40 000 femmes sont touchées par cette pathologie. Dans la plupart des cas, un suivi permet d'éviter les complications graves. Mais dans un cas sur 10, une forme sévère survient.