- Les décès par suicide augmentent considérablement pendant la semaine de pleine lune. Les personnes les plus à risques sont les plus de 55 ans ainsi que celles souffrant de dépression ou de troubles liés à la consommation d'alcool.
- Les autres périodes où des hausses des suicides significatives sont observées sont entre 15h et 16h ou encore le mois de septembre.
- La hausse des suicides pourrait être liée à la luminosité et au cycle circadien, selon les chercheurs.
Trouble du sommeil, hausse du nombre de naissances… de nombreux pouvoirs sont prêtés à la pleine lune. Des psychiatres de l'École de médecine de l'Université de l'Indiana ont trouvé un lien plutôt inquiétant avec l’astre : une hausse des décès par suicide est enregistrée pendant cette phase lunaire.
Leurs travaux ont été présentés dans le journal scientifique Discover Mental Health, le 3 avril 2023.
Suicide : les risques sont plus grands à la pleine lune
Pour cette recherche, l’équipe a examiné les données de l’Institut Médico-Légal du comté de Marion (USA) concernant les suicides qui ont eu lieu de 2012 à 2016, et d'autres éléments comme les phases de la lune. Les psychiatres ont constaté que les morts par suicide progressaient considérablement pendant la semaine de la pleine lune. Les personnes de plus de 55 ans affichaient l’augmentation la plus élevée à cette période.
Les scientifiques ont également examiné l'heure de la journée et les mois où les suicides sont les plus nombreux. Ils ont découvert que les moments les plus à risque étaient respectivement de 15 h à 16 h et le mois de septembre.
"D'un point de vue clinique et d'un point de vue de santé publique, nous avons trouvé des messages importants à retenir dans cette étude", indique le Dr Alexander B. Niculescu, auteur principal de l’article. "Les patients à haut risque devraient éventuellement être suivis de plus près pendant la semaine de la pleine lune, en fin d'après-midi et peut-être au mois de septembre."
Des biomarqueurs du suicide découverts dans le sang
Dans de précédents travaux, le Dr Niculescu a développé des tests permettant de repérer des biomarqueurs sanguins pour la douleur ainsi que des problèmes de santé mentale comme l’anxiété, la dépression et le trouble de stress post-traumatique. L’expert les a utilisés pour analyser les échantillons de sang prélevés par les médecins légistes.
"Nous avons testé une liste des principaux biomarqueurs sanguins liés aux pensées suicidaires que nous avons identifiés dans des études précédentes", explique-t-il dans un communiqué. "Les biomarqueurs de la “suicidalité” permettant d’évaluer les risques de décès par suicide pendant la pleine lune, l'heure de pointe et le mois de pointe (...) semblent être des gènes qui régulent l’horloge interne du corps, appelée horloge circadienne".
Les biomarqueurs ont aussi mis en évidence que les personnes souffrant de troubles liés à la consommation d'alcool ou de dépression étaient les patients les plus à risque pendant ces périodes.
Suicide : la luminosité en cause ?
Le chercheur de l’université de l’Indiana avance ainsi que l'augmentation de la lumière de la pleine lune pourrait être à l'origine de la hausse des suicides au cours de cette période. "L'effet de la lumière ambiante et de l'horloge biologique sur le suicide doit être étudié de plus près, ainsi que la façon dont les gens dorment et leur exposition à la lumière", estime le Dr Niculescu. "Les changements de luminosité peuvent affecter les personnes vulnérables, en conjonction avec d'autres facteurs de risque."
Concernant la hausse des suicides entre 15 et 16 heures, elle pourrait être liée, selon lui, aux facteurs de stress accumulés tout au long de la journée ainsi qu'à la diminution de la luminosité entraînant une expression plus faible des gènes de l'horloge circadienne. Et, pour la recrudescence en septembre : le chercheur et son équipe notent que cette période va souvent de pair avec la fin des vacances estivales, ce qui peut être un moment particulièrement stressant.
Le Dr Niculescu et son équipe comptent maintenant étudier l’impact de l'exposition aux écrans la nuit sur l’état suicidaire, en particulier chez les jeunes. "Certaines personnes ont la pleine lune dans la main tous les soirs, prévient le spécialiste. C'est un domaine que nous devons absolument approfondir".