Les “skinny”, c’est-à-dire maigres en anglais, veulent avoir des formes tout en restant très fine. Autrement dit, avoir des fesses et une poitrine volumineuses. Pour y parvenir, certaines femmes prennent un médicament antiallergique. Une pratique qui peut se révéler dangereuse.
Periactine : ce médicament détourné pour avoir de grosses fesses
Sur les réseaux sociaux, c’est la tendance en vogue : prendre du Periactine, qui a pour principe actif la cyproheptadine, pour augmenter le volume de ses fesses. Selon le Vidal, il s’agit d’un médicament antihistaminique antiallergique qui possède en outre des propriétés atropiniques (effet similaire à l'atropine, c'est-à-dire qui soulage les spasmes, NDLR) et sédatives. Il est utilisé dans le traitement des manifestations allergiques diverses : rhinite ou conjonctivite allergiques, urticaire.
Les internautes expliquent qu’elles avaient du mal à prendre du poids jusqu’à la prise de ce médicament qui leur a permis, en quelques semaines seulement, d’obtenir le corps dont elles rêvaient. Pour preuve, beaucoup publient des photos d’elles avant/après.
Mais détourner l’usage d’un médicament est risqué, même si, comme le Periactine, il est en vente libre. La Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) plaide justement pour que, à minima, la prescription de celui-ci devienne obligatoire.
Des effets indésirables en cas de mésusage du médicament
“La cyproheptadine, qui n’a plus de place dans la stratégie thérapeutique comme antihistaminique et voit son utilisation détournée, expose à de nombreux effets indésirables (neurologiques, psychiatriques, cardiaques, hématologiques ou digestifs), peut-on lire dans un communiqué publié le 28 mars dernier. La SFPT considère que le rapport bénéfices risques de la cyproheptadine devrait être réévalué en vue du retrait de son autorisation de mise sur le marché ou au minimum de son inscription sur une liste à prescription obligatoire.”
Interrogé par l’Agence France Presse (AFP), le Dr Laurent Chouchana, en charge de la pharmacovigilance de la cyproheptadine et membre de la SFPT, indique que les effets secondaires possibles peuvent être graves “notamment s'il y a surdosage, ce qui est le cas si l'on se base sur les doses proposées dans les vidéos sur internet.”
Au début de sa commercialisation, dans les années 1970, la cyproheptadine était prescrite pour stimuler l'appétit. Mais cette indication a été retirée en 1994 car la balance bénéfices/risques n’était pas satisfaisante.
“Certains comptes sur les réseaux sociaux proposent par ailleurs la revente directe de cyproheptadine en comprimé ou en sirop dans un but esthétique, indique la SFPT dans son communiqué. La vente sur internet et la vente en pharmacie d'officine sans ordonnance facilite ainsi l'accès à la cyproheptadine dans le cadre du mésusage.”